Madrid (awp/afp) - La quatrième banque espagnole Bankia a annoncé lundi une chute de son bénéfice net de 22,7% en 2016, à 804 millions d'euros, souffrant de l'impact de la vente d'une filiale en Floride, de provisions extraordinaires et des taux d'intérêt bas.

Ce résultat est nettement inférieur aux attentes des analystes interrogés par le fournisseur d'informations financières Factset, qui tablaient en moyenne sur 855 millions d'euros.

Le cours en Bourse restait néanmoins dans le vert à 10H37 (09H37 GMT), prenant 0,20% à 0,99 euro.

Bankia, détenue à 65,9% par l'Etat espagnol, a pâti tout au long de l'année de la déconsolidation de City National Bank of Florida (CNB), vendue en octobre 2015 avec une perte de 72 millions d'euros.

Le bénéfice aurait augmenté de 8,4% "en excluant l'effet positif de City National Bank of Florida" dans les comptes de 2015, explique la banque dans un communiqué.

Le produit net bancaire, équivalent du chiffre d'affaires, chute également, de 21,6%, à environ 2,15 milliards d'euros.

Outre l'impact de la vente de la CNB, Bankia explique avoir souffert "du contexte de taux d'intérêt négatifs" ainsi que des provisions de 114 millions d'euros réalisées pour faire face aux remboursements éventuels dans le scandale dit des "clauses plancher".

La Cour de justice de l'Union européenne a condamné fin décembre des banques espagnoles qui avaient imposé ces clauses, jugées abusives, à rembourser leurs clients.

Ces clauses, appliquées sur les prêts immobiliers à taux d'intérêt variables - la majorité des prêts en Espagne-, permettaient aux banques de ne pas réduire leur taux en deçà d'un certain seuil, même si les taux réels baissaient. Environ 1,5 million d'Espagnols sont concernés.

Bankia a annoncé avoir mis en place la procédure de règlement à l'amiable exigée par le gouvernement pour éviter la saturation des tribunaux.

Bankia a également souffert de la dépréciation des titres de la Sareb, structure de défaisance chargée de recueillir et liquider les actifs immobiliers toxiques des banques ayant bénéficié d'aides publiques dans le cadre du plan de sauvetage du secteur bancaire espagnol mis en place en 2012 avec l'Union européenne.

La banque a néanmoins réduit son taux de créances douteuses à 9,8%, contre 10,8% fin 2015. Elle a aussi amélioré son taux de fonds propres durs, qui mesure sa solidité financière (13,02% contre 12,26 fin 2015).

Bankia estime "confortable" sa solvabilité, ce qui lui permet d'annoncer une hausse de 5% du dividende versé aux actionnaires, à 2,756 centimes d'euros. L'Etat espagnol, principal actionnaire, devrait ainsi percevoir 209 millions d'euros.

Avec ce versement, l'Etat aura récupéré 1,84 milliard d'euros, calcule Bankia, qui prend en compte les trois derniers dividendes versés et le fruit de la privatisation de 7,5% du capital en février 2014.

Ce montant reste minime par rapport aux 22,4 milliards d'euros d'aides publiques dépensées en 2012 pour renflouer Bankia, soit la moitié du plan d'aides européen accordé aux banques espagnoles.

Le nom de Bankia, née en 2010 de la fusion de caisses d'épargne en difficulté, est entaché de multiples scandales en Espagne. Le principal concerne l'introduction en Bourse de la banque en juillet 2011, soupçonnée d'avoir été frauduleuse.

L'opération avait tourné au fiasco, ruinant des centaines de milliers de petits actionnaires. Bankia avait été sauvée par la nationalisation et par les fonds européens.

L'Etat espagnol a récemment repoussé à 2019 la privatisation totale de la banque, espérant d'ici là une augmentation de la valeur boursière de Bankia, qui permettrait à l'Etat de récupérer davantage d'argent en récupérant ses parts.

La justice espagnole doit par ailleurs rendre prochainement sa décision dans le procès d'anciens dirigeants de Bankia jugés cet automne pour détournement de fonds.

Parmi eux, Rodrigo Rato, ancien patron du Fonds monétaire international (FMI), et président de Bankia de 2010 à 2012, ainsi que Miguel Blesa, qui avait piloté l'acquisition de City National Bank of Florida.

afp/rp