Ces résultats illustrent le retournement spectaculaire accompli au cours de l'année écoulée par la compagnie britannique, qui tourne progressivement la page de la marée noire provoquée en 2010 par l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique avec de nouveaux projets et l'accord à 10,5 milliards de dollars (9,24 milliards d'euros) conclu avec BHP, sa plus grosse acquisition depuis 30 ans.

Signe de sa confiance retrouvée, BP pense désormais financer intégralement l'acquisition des actifs de BHP avec sa trésorerie disponible sans recourir à l'émission de titres envisagée auparavant. Le groupe prévoit toujours de céder pour 5 à 6 milliards de dollars d'actifs pour réduire son endettement.

L'action BP progressait de 3,85% vers 09h00 GMT en Bourse de Londres, tirant à la hausse le secteur européen du pétrole et du gaz (+0,7%).

"On est un peu réticent à utiliser le mot 'exploser' avec BP, mais les résultats d'aujourd'hui, c'est exactement ça", écrit Clint Oswald, analyste de Bernstein, dans une note.

La compagnie britannique a publié mardi un bénéfice net de 3,8 milliards de dollars, largement supérieur au consensus de 2,85 milliards de dollars qu'elle avait elle-même fourni. Ce résultat est aussi nettement supérieur aux profits de 1,86 milliard de dollars du troisième trimestre 2017 et de 2,8 milliards de dollars du deuxième trimestre 2018.

Le bénéfice imposable de ses activités "amont" a plus que doublé à environ 4 milliards de dollars.

"L'activité progresse bien à travers l'ensemble de BP et nous lançons à un rythme plus rapide la production de nouveaux barils à marge plus élevée via une exécution de projets efficace", a dit le Bob Dudley, le directeur général de BP, cité dans un communiqué.

La production de pétrole et de gaz de BP sur les neuf premiers mois de l'année s'est élevée à 2,5 millions de barils équivalent pétrole par jour (bepj) et elle devrait continuer à croître avec la finalisation attendue mercredi de la transaction avec BHP.

BP a ouvert neuf gisements au cours de l'année écoulée, notamment en Azerbaïdjan, à Oman, en Egypte et en Angola, ce qui devrait augmenter sa production de 900.000 bepj d'ici 2021.

L'endettement net du groupe s'établissait à 39,2 milliards de dollars fin septembre, pour un ratio dette sur capitalisation boursière de 27,5%, contre 27,8% fin juin.

Brian Gilvary, le directeur financier, a dit à Reuters que ce ratio pourrait temporairement passer au-dessus du plafond de 30% que s'est fixé BP en fonction de l'évolution des cours du pétrole, le temps de payer l'accord avec BHP.

BP s'attend à des dépenses d'investissement d'environ 15 milliards de dollars cette année.

Sa génération de trésorerie, hors paiements pour la catastrophe de Deepwater Horizon, s'est établie à 6,6 milliards de dollars sur le trimestre, comme un an auparavant.

La compagnie s'attend à une baisse des marges dans les activités de raffinage au quatrième trimestre.

Total a relevé vendredi dernier sa prévision de production pour 2018 après avoir vu ses résultats bondir et dépasser les attentes au troisième trimestre, portés par la hausse des prix du pétrole.

(Bertrand Boucey pour le service français, édité par Marc Joanny)

par Ron Bousso et Shadia Nasralla