Londres (awp/afp) - Le géant pétrolier britannique BP a pratiquement doublé son bénéfice net au troisième trimestre, capitalisant sur le récent bond des cours du baril à la grande satisfaction de la Bourse de Londres.

Le groupe a publié un bénéfice net pour la période du 1er juillet au 30 septembre de 3,3 milliards de dollars (2,9 milliards d'euros), contre 1,769 milliard un an plus tôt, selon un communiqué.

Le contexte de marché a été plus que jamais porteur pour les majors pétrolières cet été avec un baril de Brent qui a dépassé les 80 dollars fin septembre pour évoluer au plus haut depuis 2014. Les cours tournaient autour de 50 dollars à l'été 2017, seuil à partir duquel la production de BP est rentable.

Les prix ont grimpé quand les États-Unis ont rétabli leurs sanctions contre l'Iran le 7 août 2018, faisant craindre un recul de l'offre. L'instabilité géopolitique a été renforcée par la baisse des réserves mondiales de brut, qui avaient atteint des niveaux record ces dernières années mais qui ont fortement diminué quand l'Opep et ses partenaires, dont la Russie, ont limité leur production à partir du début 2017.

"Clairement les nouveaux plus hauts des prix du pétrole font la différence pour BP et les autres majors pétrolières", signale Neil Wilson, analyste chez Markets.com.

Les investisseurs saluaient les résultats de BP dont l'action grimpait de 3,92% à 556,20 pence vers 08H40 GMT à la Bourse de Londres.

BP a amélioré ses profits de manière significative grâce à ses activités amont (exploration et production) et les résultats générés par sa participation dans le géant russe Rosneft. En revanche, ses performances ont été en demi-teinte dans l'aval (raffinage notamment).

Son bénéfice ajusté (hors éléments exceptionnels et variation de la valeur des stocks), un indicateur scruté par le marché, a de son côté doublé à 3,8 milliards de dollars.

Cap sur le schiste

Le chiffre d'affaires a quant à lui progressé de 32% à 79,5 milliards de dollars (69,9 milliards d'euros). Sa production, hors Rosneft, s'est établie à 2,46 millions de barils équivalent pétrole par jour, stable par rapport à la même période un an plus tôt.

Il a par ailleurs annoncé que deux projets importants de production, les quatrième et cinquième lancés cette année, avaient débuté en octobre et plus tôt que prévu, dans le Golfe du Mexique et en Australie.

"L'accent mis sur des opérations saines et fiables et sur la mise en place de notre stratégie conduit à de solides résultats et à l'amélioration de notre trésorerie", souligne Bob Dudley, directeur général de BP, cité dans le communiqué.

Il insiste en outre sur les bénéfices à attendre pour BP et ses actionnaires de l'acquisition récente d'actifs dans le pétrole et le gaz de schiste pour 10,5 milliards de dollars auprès du groupe minier BHP Billiton.

Le groupe explique d'ailleurs que si les prix du pétrole restent à leur niveau actuel, il pourra réaliser cette transaction uniquement en numéraire et non plus en actions.

Cela lui permettra en outre d'allouer à la réduction de sa dette les fonds récupérés grâce à son programme de cessions de 5 à 6 milliards de dollars.

Cette opération dans le schiste, que BP va boucler mercredi, permettra au groupe de changer d'échelle aux États-Unis, où il affiche désormais ses ambitions après la marée noire de 2010.

Les frais liés à cette catastrophe dans le Golfe du Mexique, après l'explosion de sa plateforme pétrolière DeepWater Horizon, ont atteint 500 millions de dollars sur le trimestre pour un total après impôt de 2,9 milliards de dollars depuis le début de l'année. Le montant devrait atteindre plus de 3 milliards de dollars sur l'année.

Entre amendes, indemnisations des victimes et nettoyage des côtes, le coût total avant impôt de cette catastrophe environnementale, la pire de l'histoire des Etats-Unis, atteint environ 67 milliards de dollars.

afp/jh