Sydney (awp/afp) - Le groupe minier anglo-australien BHP a publié jeudi un bénéfice net annuel en baisse de 37% en raison d'une charge de dépréciation liée à la vente d'actifs américains et aux coûts associés à la catastrophe de Samarco.

Le bénéfice net du numéro un mondial est ressorti à 3,7 milliards de dollars au cours de l'exercice bouclé au 30 juin, en prenant en compte les "pertes exceptionnelles" précédemment annoncées, qui se sont élevées à 5,2 milliards de dollars.

Le bénéfice sous-jacent, indice préféré par le numéro un mondial et qui exclut les éléments exceptionnels, a progressé de 33% à 8,9 milliards de dollars, en raison de la remontée des cours et d'une production à la hausse.

Le groupe a annoncé un dividende au second semestre de 63 cents, le plus élevé jamais payé.

"Nous avons annoncé un dividende record pour les actionnaires qui reflète les fortes performances opérationnelles, les prix élevés et la discipline du capital", a déclaré dans un communiqué le directeur général Andrew MacKenzie.

"Notre feuille de comptes est solide, la dette nette est dans la partie basse de la fourchette d'objectifs et notre plan d'investissements est dans les clous en ce qui concerne le minerai de fer, le cuivre, le charbon et le pétrole."

L'action de BHP reculait dans la matinée de 1,1% à la Bourse de Sydney. Mais le titre a beaucoup progressé cette année et nombre d'analystes sont convaincus que le niveau du bénéfice sous-jacent est de nature à le doper.

"Cette dynamique pourrait conduire des analystes à revoir leurs estimations à la hausse, et pourrait être le catalyseur d'une percée à un plus haut de quatre ans pour BHP", a déclaré Michael McCarthy, de CMC Markets.

Vente à BP

Le résultat sous-jacent est essentiellement dû à la remontée des cours des matières premières, et notamment du cuivre, du brut et du charbon thermique.

Celle-ci a permis à BHP comme aux autres groupes miniers de se refaire une santé après des années de vaches maigres liées à la surabondance de l'offre, dans un contexte de ralentissement de la croissance de la Chine, un des grands consommateurs de matières premières.

Le chiffre d'affaires annuel a progressé de 21% à 43,64 milliards de dollars.

Division par division, l'exercice a été marqué par une hausse de 3% de la production de minerai de fer, et une augmentation de 32% de celle de cuivre.

L'essentiel des charges de dépréciations est liée à la récente vente de ses activités de pétrole et gaz de schiste aux États-Unis au géant pétrolier britannique BP pour 10,5 milliards de dollars, qui devrait être finalisée en octobre.

Il s'agit d'une grosse déconvenue pour BHP qui avait déboursé 20 milliards de dollars en 2011 pour acquérir ces actifs, mais potentiellement d'une aubaine pour les actionnaires, BHP ayant promis de restituer le produit de la vente au travers de dividendes et de rachats d'actions.

Le groupe anglo-australien avait satisfait ainsi la requête d'un important actionnaire, le fonds new-yorkais Elliott Advisors, qui ne cessait de réclamer une telle restructuration.

Cette cession s'inscrit dans la stratégie de BHP de se concentrer sur les activités les plus profitables de son coeur de métier, le minerai de fer, le cuivre, le pétrole, le charbon et la potasse.

Après la scission de 2015 qui avait accouché de la société South32, BHP aura donc annoncé ou bouclé en six ans pour plus de 18 milliards de dollars de désinvestissements.

Pour l'exercice annuel achevé le 30 juin, BHP a par ailleurs inscrit une charge record de 650 millions de dollars pour faire face aux répercussion de la rupture meurtrière d'un barrage en 2015.

L'ouvrage opéré par Samarco, copropriété de BHP et du brésilien Vale, constitué de déchets de minerai de fer, avait entraîné une gigantesque coulée de boue. La catastrophe survenue dans l'Etat de Minas Gerais avait fait 19 morts et provoqué un drame écologique majeur.

BHP et Vale sont parvenus en juin à un accord avec les procureurs brésiliens sur un calendrier de deux ans pour négocier le règlement d'une action en réparation de 155 milliards de reals (40 milliards de dollars). Parallèlement, une action civile de 20 milliards de reals a été abandonnée.

afp/rp