L'indice PMI du secteur est ressorti à 47,7 en mai, au même niveau que l'estimation flash et contre 47,9 en avril.

Le sous-indice de la production manufacturière, qui entre dans le calcul de l'indice PMI composite attendu mercredi, est également ressorti en dessous du niveau de 50 qui distingue croissance et contraction, à 48,9 contre 48,0 en avril.

"La zone euro est restée en contraction pendant le mois de mai, ce qui suggère que le secteur va rester un frein pour l'économie en général au deuxième trimestre", commente Chris Williamson, chef économiste chez IHS Markit.

"Un quatrième mois de repli de la production et une nouvelle baisse sévère des commandes nouvelles montrent que le secteur reste dans sa situation la plus difficile depuis 2013."

L'indice des nouvelles commandes se maintient sous la barre des 50 depuis huit mois, à 46,6 en mai contre 45,8 en avril.

L'enquête confirme que l'économie du bloc est sous pression, ce qui devrait être un sujet de préoccupation pour les responsables de la Banque centrale européenne qui a déjà évoqué la possibilité de nouvelles mesures de soutien à la croissance.

La BCE ne devrait pas relever ses taux directeurs avant la fin de 2020, estiment des économistes interrogés par Reuters, qui pensent que sa prochaine décision monétaire sera de modifier sa politique de pilotage des anticipations (forward guidance) dans un sens plus accommodant.

"Les entreprises se serrent la ceinture, réduisent leurs dépenses et leurs embauches. Les achats de biens de production, les stocks et l'emploi sont tous en baisse, les industriels craignant d'être exposés à une nouvelle baisse de la demande," ajoute Chris Williamson.

* ALLEMAGNE - NOUVELLE CONTRACTION, L'EMPLOI AFFECTÉ

L'activité dans le secteur manufacturier en Allemagne, très dépendant des exportations, a reculé en mai, selon l'indice PMI auprès des directeurs d'achats, pénalisée par une baisse des nouvelles commandes et des embauches.

Le PMI calculé par IHS Markit est ressorti à 44,3 dans sa version définitive, proche d'un plus bas depuis 2012. Ce chiffre est conforme à la première estimation qui avait été donnée et inférieur aux 44,4 annoncés pour le mois d'avril.

Cette baisse modérée de l'indice d'un mois sur l'autre, ainsi que le ralentissement du recul des nouvelles commandes pour le second mois d'affilée suggèrent que le secteur manufacturier - qui se contracte depuis le mois de janvier - est en train de se stabiliser.

Toutefois, le faible niveau d'activité conduit à une diminution des effectifs. L'enquête PMI montre que l'emploi a accusé son recul le plus important en près de six ans et demi.

"Après un repli modeste de l'emploi en mars et avril, les industriels ont montré une plus forte volonté de réduire les effectifs", indique Phil Smith, économiste chez IHS Markit.

Le taux de chômage en Allemagne a augmenté en mai pour la première fois en près de deux ans. Si cette tendance se poursuit, les signes de tensions perçus dans le secteur manufacturier pourraient se propager à celui des services, qui est plus dépendant de l'économie intérieure.

* FRANCE - RETOUR CONFIRMÉ À L'EXPANSION

L'activité dans le secteur manufacturier en France a renoué avec la croissance en mai après sa stabilisation le mois précédent avec une nouvelle progression des embauches, un ralentissement de la contraction de la production et des nouvelles commandes et une forte hausse des prix des achats, selon la version définitive de l'indice IHS Markit publiée lundi.

Le mois dernier, l'indice PMI synthétique du secteur manufacturier s'est établi à 50,6 comme en première estimation "flash" publiée le 23 mai et en hausse par rapport à son niveau de 50,0 enregistré en avril.

Il repasse ainsi au-dessus du seuil de 50, qui sépare croissance et contraction de l'activité, sous lequel il était passé en mars.

La composante production de l'indice affiche son troisième mois consécutif de contraction, bien qu'à un rythme ralenti par rapport au mois d'avril.

Les entreprises ont aussi fait état d'un très léger recul de leurs nouvelles commandes le mois dernier, principalement du fait de la faiblesse de la demande en provenance de l'industrie automobile.

Le repli du volume global des nouvelles commandes s'explique aussi par une nouvelle diminution des ventes sur les marchés étrangers avec un neuvième mois consécutif de recul des commandes à l'export.

L'emploi, en revanche, a progressé pour un cinquième mois consécutif, le taux de création de postes atteignant un plus haut depuis février.

Les chefs d'entreprise interrogés, anticipant une hausse prochaine de leurs ventes, restent optimistes sur leur volume d'activité future. Leur degré de confiance, en repli par rapport au mois précédent, reste légèrement supérieur à sa moyenne de long terme.

* GB - FIN DU STOCKAGE LIÉ AU BREXIT, L'INDUSTRIE FLÉCHIT

LONDRES - Le coup de fouet donné en début d'année à l'industrie britannique par le gonflement des stocks en préparation d'une sortie de l'Union européenne a laissé la place au plus faible niveau d'activité manufacturière en près de trois ans, avec une baisse des nouvelles commandes peu encourageante pour la croissance au deuxième trimestre, selon l'enquête mensuelle auprès des directeurs d'achat (PMI) publiée lundi.

L'indice manufacturier IHS Markit/CIPS est tombé à 49,4 en mai, au plus bas depuis juillet 2016 et inférieur aux prévisions des économistes qui tablaient sur 52,0, contre 53,1 en avril.

Les commandes à l'exportation ont connu leur plus forte contraction depuis octobre 2014, reflétant les tensions commerciales dans le monde et les difficultés liées à l'incertitude croissante autour du Brexit, montre l'enquête.

Cette incertitude avait conduit les usines à empiler pièces et matériaux au rythme le plus rapide dans l'histoire des enquêtes PMI, vieille de 27 ans. Mais avec le report de la date du divorce entre Londres et Bruxelles au 31 octobre, le gonflement des stocks s'est évaporé, plaçant l'industrie britannique sur la voie d'une poursuite du ralentissement.

"Les nouveaux flux de nouvelles commandes sont en baisse, tant de l'intérieur que de l'extérieur du pays, des niveaux de stocks déjà élevés chez les industriels et chez leurs clients ayant posé des problèmes pour maintenir le niveau de production et pour remporter de nouveaux contrats", selon l'économiste d'IHS Markit, Rob Dobson.

Les entreprises britanniques ont diminué leurs effectifs pour le deuxième mois de suite et ont revu en baisse leur carnet de commandes au rythme de plus fort depuis six ans, ce qui n'est pas de bon augure pour la production manufacturière.

"Le retournement à la baisse de l'industrie manufacturière pourrait se prolonger et avoir des implications négatives pour la croissance de l'économie en général dans les mois à venir", dit Rob Dobson, même si à plus long terme, les industriels sont plus optimistes.

* ITALIE - L'ACTIVITÉ MANUFACTURIÈRE RECULE MOINS QUE PRÉVU

ROME - L'activité du secteur manufacturier en Italie a reculé pour le huitième mois consécutif en mai, mais la baisse a été moins marquée que prévu et a connu son rythme le plus faible depuis septembre, montre l'enquête PMI auprès des directeurs d'achats.

L'indice PMI manufacturier calculé par IHS Markit a progressé à 49,7 le mois dernier contre 49,1 en avril, son niveau le plus élevé en huit mois et juste en dessous du seuil de 50 qui sépare une contraction d'une croissance de l'activité.

Les neuf analystes interrogés par Reuters attendaient un nouveau repli de l'indice à 48,6.

Le sous-indice des nouvelles commandes a progressé en mai à 49,6 contre 47,8 en avril, là aussi son meilleur niveau depuis septembre.

Au premier trimestre, la croissance du produit intérieur brut (PIB) de la troisième économie de la zone euro a atteint 0,1% par rapport au trimestre précédent, alors que l'économie italienne était entrée en récession sur le second semestre 2018.

Le gouvernement italien prévoit pour l'ensemble de 2019 une croissance de seulement 0,2%, soit une des plus faibles de la zone euro.

* ESPAGNE - STAGNATION DU SECTEUR MANUFACTURIER EN MAI

L'activité du secteur manufacturier en Espagne n'a que très modestement progressé en mai, selon l'indice PMI auprès des directeurs d'achats, alors que la production a stagné et que les créations d'emploi ont diminué pour la première fois depuis la fin de 2013.

Le PMI calculé par IHS Markit est ressorti à 50,1 pour le mois de mai, après 51,8 en avril et juste au-dessus du seuil de 50 qui sépare une contraction d'une croissance de l'activité.

"Les fabricants de biens d'équipement ont souffert face à un environnement difficile pour la demande internationale, avec une demande de la part des marchés clés en Europe, notamment du secteur automobile allemand, annoncée en baisse", indique Paul Smith, économiste chez IHS Markit.

Les élections législatives en Espagne fin avril, puis celles régionales et européennes fin mai, ont aussi ajouté à l'incertitude ambiante et pesé sur les décisions d'embauches, ajoute-t-il.

La composante sur l'emploi de l'enquête PMI est tombée à 49,7 contre 51,3 en avril.

(Buraux européens de Reuters sous la conduite de Jonathan Cable à Londres, Blandine Henault, Juliette Rouillon et Marc Joanny pour la version française)