Des analystes s'interrogent aussi sur la pertinence d'un tel rapprochement tandis que le syndicat Verdi s'est une nouvelle fois opposé à cette opération.

Deutsche Bank et Commerzbank ont décidé d'officialiser ces discussions de fusion après avoir chacune réuni leur directoire, a dit à Reuters une source proche du dossier.

"A la lumière des opportunités qui se présentent, le directoire de Deutsche Bank a décidé d'étudier des options stratégiques", explique la première banque allemande dans un communiqué.

La banque prend toutefois soin de souligner qu'il n'y a aucune certitude que les discussions aboutissent à un accord et que le directoire était "concentré sur l'amélioration du profil de croissance et de la rentabilité de la banque".

Dans une lettre aux salariés, le président du directoire de Deutsche Bank, Christian Sewing, a expliqué que la banque souhaitait rester une banque globale avec une importante activité sur les marchés de capitaux.

Il a aussi prévenu que des nombreux facteurs, tant économiques que techniques, pouvaient empêcher une fusion tandis qu'un porte-parole de la banque a indiqué que les discussions prendraient du temps.

Commerzbank, le numéro deux du secteur bancaire allemand, indique de son côté que l'issue des discussions était "ouverte".

LE GOUVERNEMENT À LA MANOEUVRE

L'officialisation des discussions entre Deutsche Bank et Commerzbank augmente les chances de parvenir à un rapprochement entre les deux établissements vivement souhaité par le gouvernement allemand.

Fusionnées, les deux banques donneraient naissance à un établissement bancaire de près de 1.800 milliards d'euros d'actifs au bilan, avec une capitalisation boursière cumulée d'environ 25 milliards d'euros.

Le nouvel ensemble aura une part de marché de 20% dans la banque de détail en Allemagne et un effectif de 140.000 personnes à travers le monde.

"Nous allons sérieusement étudier une fusion", a dit une source proche du dossier. "Mais il n'y a aucune garantie qu'il y aura au final un accord."

Certains restent sceptiques quant à l'intérêt d'une telle fusion.

"Je ne vois pas de champion national ici, mais une banque zombie fragilequi pourrait se traduire par un nouveau gouffre d'un milliard d'euros pour l'Etat allemand", a réagi Gerhard Schick, activiste financier et ancien parlementaire allemand.

La fusion des deux grandes banques allemandes a fait l'objet de multiples spéculations et a véritablement surgi en 2016 avant que les deux banques ne décident de se concentrer sur leur propre restructuration.

Le gouvernement allemand, préoccupé par la santé financière de Deutsche Bank, a fait pression sur la première banque d'Allemagne pour qu'elle discute fusion avec Commerzbank, le deuxième établissement bancaire du pays.

CRAINTES POUR L'EMPLOI

Jusqu'à ce jour, les deux banques n'avaient jamais fait de commentaires sur de prétendues discussions de fusion.

Mais lundi dernier, le ministre allemand des Finances, Olaf Scholz, avait confirmé que les deux banques étudiaient un rapprochement.

Olaf Scholz a indiqué ce dimanche qu'il restait en contact permanent avec les différentes parties.

Les syndicats s'inquiètent quant à eux des conséquences sociales d'un tel rapprochement. Le syndicat Verdi s'est prononcé contre une telle opération, estimant qu'elle pourrait menacer au moins 10.000 emplois.

Deutsche Bank est sortie indemne de la crise financière de 2008 mais a ensuite perdu pied, ne parvenant pas à dégager durablement des bénéfices.

En 2016, le Fonds monétaire international (FMI) l'a qualifiée de plus grand risque financier potentiel en raison de ses liens avec les autres groupes bancaires.

Les autorités allemandes craignent qu'une récession ou une grosse amende, par exemple, ne compromette le fragile rétablissement de la banque. Berlin veut un champion bancaire national fiable pour soutenir son économie axée sur les exportations.

Elles souhaitent aussi que le financement des PME allemandes qui est la spécialité de Commerzbank - dont l'Etat détient 15% du capital - reste entre des mains allemandes. Ces PME sont le poumon de l'économie allemande.

(Andreas Framke et Tom Sims, Matthieu Protard pour la version française)

Valeurs citées dans l'article : Deutsche Bank, Commerzbank