Francfort (awp/afp) - La seconde banque allemande Commerzbank étudie comment répercuter "avec raison" l'impact des taux négatifs de la Banque centrale européenne (BCE) sur ses clients particuliers, a déclaré jeudi son directeur financier.

"Nous regardons actuellement partout où cela est nécessaire" si la clientèle privée doit partager la charge incombant à la banque du fait de la taxation des dépôts excédentaires à la BCE, en cherchant à "agir avec raison", a déclaré le directeur financier, Stephan Engels, lors d'une conférence téléphonique.

La BCE a en effet décidé en septembre d'abaisser son taux sur les dépôts de -0,40% à -0,50%, ce qui revient à taxer davantage les liquidités confiées à la banque centrale, tout en instaurant un système de paliers pour alléger la charge pesant sur les banques.

Or, cette politique des taux bas pénalise particulièrement Commerzbank et tout le secteur bancaire allemand, où regorgent des liquidités ne trouvant pas d'emploi dans l'économie.

Aussi, la banque avoue qu'elle se déplace "sur un territoire complètement nouveau" en voulant répercuter ladite charge, a ajouté le financier.

Il a précisé que "nous nous situons encore loin d'une discussion qui rapprocherait le seuil des dépôts taxés à 100.000 euros", la banque se focalisant plutôt sur "les gros volumes", citant à titre indicatif le chiffre du "million d'euros".

Commerzbank taxe déjà les dépôts de ses clients professionnels et a été à ce titre une des premières à le faire en Allemagne, selon M. Engels.

La banque, dont l'Etat allemand est toujours actionnaire à hauteur de quelque 15%, a par ailleurs dit s'attendre à un bénéfice net inférieur cette année à celui de 2018.

En cause, l'environnement économique difficile, la politique monétaire érodant ses marges et la prévision d'une écriture fiscale défavorable.

Sur neuf mois, le bénéfice net est en baisse de 9% par rapport à la même période l'an passé, en atteignant 684 millions d'euros, sur fond de recettes se tassant de 1%, à 6,47 milliards d'euros, en dépit de gains nets de clientèle.

Le consensus d'analystes, sondé par Factset, table lui sur un résultat net annuel de 820 millions d'euros en 2019, ce qui signifierait une baisse de 5% sur un an.

Commerzbank fera en tout état de cause bien mieux que sa rivale Deutsche Bank, en passe d'annoncer pour l'année en cours une perte de plusieurs milliards d'euros.

Cela serait l'une des pires pertes de l'histoire, après avoir annoncé un plan de restructuration sans précédent en juillet qui prévoit le départ de 18.000 personnes d'ici 2022.

A la suite du mariage avorté entre Deutsche Bank et Commerzbank, cette dernière a aussi revisité sa stratégie en voulant doper sa rentabilité à terme, et annoncé pour cela en septembre la suppression nette de 2.300 postes, sur ses 38.000 salariés à temps plein dans le monde.

afp/rp