Berlin (awp/afp) - Les discussions de fusion engagées mi-mars entre Deutsche Bank et Commerzbank et encouragées par l'Etat allemand sont sur le point d'échouer, affirment jeudi plusieurs médias, à la veille de l'échéance fixée par les deux banques pour communiquer.

"On se dirige vers un abandon des négociations", assure une source proche du dossier dans le quotidien économique Handelsblatt, alors que le projet suscitait à la fois l'hostilité des syndicats et le scepticisme des investisseurs.

L'hebdomadaire Der Spiegel affirme de son côté, sur la foi de ses propres sources, que le patron de Deutsche Bank, Christian Sewing, freine le rapprochement entre les deux établissements, "trop complexe" à ses yeux.

Interrogées par l'AFP, ni Deutsche Bank ni Commerzbank n'ont souhaité commenter ces informations.

Bien avant l'officialisation à la mi-mars de leurs pourparlers préliminaires, Berlin s'est engagé en coulisses auprès des deux banques francfortoises pour qu'elles se penchent sur une fusion.

L'Etat allemand, qui détient 15% de Commerzbank depuis qu'il a dû la sauver en pleine crise financière, tient à ce que l'Allemagne se dote d'un acteur plus musclé pour accompagner ses entreprises tournées vers l'international.

Ce projet de rapprochement vise aussi à éviter de laisser l'une des deux banques tomber dans l'escarcelle de concurrents étrangers mieux lotis.

La presse avait évoqué tout à tour l'italienne Unicredit et la néerlandaise ING, deux géants bancaires déjà fortement implantés en Allemagne, comme des prédateurs en embuscade pour s'emparer de Commerzbank en cas d'échec.

Le scénario d'une fusion entre nationaux n'en est pas moins semé d'embûches, pour ces deux banques empêtrées dans des restructurations douloureuses, des coupes rendues nécessaires après des années de recettes et de rentabilité en berne.

A court terme, les deux acteurs réunis pourront difficilement espérer voir leurs recettes décoller dans la banque de détail, alors que le loyer de l'argent va rester très bon marché encore longtemps.

Et dans la banque d'investissement, jadis le navire amiral de Deutsche Bank, qui lui a causé tant de fil à retordre avec la justice, la concurrence, surtout américaine, restera hors d'atteinte.

La première banque allemande reste d'ailleurs exposée à des sanctions potentiellement lourdes alors que son nom est mêlé à diverses affaires, notamment du blanchiment d'argent lié à la Russie.

afp/buc