Le numéro deux mondial des spiritueux a vu sa croissance organique atteindre 6,0% au cours de son exercice décalé clos le 30 juin, contre 3,6% un an auparavant, dépassant l'objectif de moyen terme de 4%-5% qu'il s'était fixé en juin 2015.

Grâce à un rebond des ventes de 17% en Chine et de 14% en Inde, la progression du résultat opérationnel courant (ROC) a presque doublé, atteignant 6,3% à taux de changes constants (après +3,3%), conformément aux dernières prévisions du groupe.

A 2,36 milliards d'euros, le ROC recule toutefois de 1,5% en données publiées, en ligne avec le consensus de 2,36 milliards d'Inquiry Financial réalisé pour Reuters, en raison d'un impact défavorable de 180 millions d'euros lié à la hausse de la devise européenne.

Pour 2018-2019, le groupe dit viser une croissance organique de son ROC comprise entre 5% et 7%, une prévision jugée prudente par les analystes qui rappellent que Pernod Ricard révise souvent ses chiffres en hausse en cours d'année.

Pernod Ricard a également précisé que la hausse de sa marge brute serait limitée par les prix des matières premières, une prévision qui pèse légèrement sur le cours du titre. Il perd 0,3% à 11h30, alors que le CAC 40 est quasi inchangé.

"Nos résultats sont très bons, avec une croissance bien équilibrée et diversifiée", s'est félicité Alexandre Ricard, PDG du groupe, lors d'une interview téléphonique avec Reuters.

Il a cependant dit qu'il ne fallait pas s'attendre à une "explosion" de la marge opérationnelle en 2018-2019, les hausses de prix ne compensant que partiellement le renchérissement du raisin pour les eaux-de-vie du cognac ou de l'agave pour la tequilla.

LÉGALISATION DU CANNABIS

Interrogé sur les effets d'une guerre commerciale, le PDG a estimé qu'il fallait pouvoir "être agile" et "investir dans des opportunités de croissance", tandis que dans le cas d'un éventuel Brexit dur, les règles internationales de l'Organisation mondiale du commerce s'appliqueraient par défaut.

Il a également indiqué suivre "de près" la question de la légalisation du cannabis dans certains Etats des Etats-Unis.

"La question est de savoir si cette légalisation peut avoir un impact sur le marché des spiritueux. A ce stade des études menées, il est beaucoup trop tôt pour se prononcer", a-t-il dit.

Comme LVMH, propriétaire du cognac Hennessy, et Rémy Cointreau (Rémy Martin), Pernod Ricard profite de l'explosion de la demande de produits de luxe en Chine après des années de vaches maigres liées aux mesures anticorruption.

Il récolte aussi les fruits de sa réorganisation et d'une diversification de son portefeuille visant l'essor des classes moyennes chinoises avec des marques "premium" (moins chères) comme le whisky Ballentine's Finest ou la vodka Absolut.

Martell, numéro un du cognac en Chine en volume avec une part de marché de plus de 40%, est un des principaux contributeurs aux profits du groupe, avec le whisky irlandais Jameson et le scotch Chivas.

Martell boucle l'exercice sur une hausse de ses ventes de 14%, tandis que Chivas, qui a signé une hausse à deux chiffres en Chine après plusieurs années de recul, finit l'année en progression de 5%.

Pernod Ricard a également vu ses ventes rebondir en Inde, avec une croissance de 14% pour ses whiskies locaux, après avoir été stoppé net l'an dernier par des réglementations sur l'alcool, tandis que sa dynamique a été très solide (+4%) aux Etats-Unis, son premier marché, les performances du whisky irlandais Jameson - qui a poursuivi sa hausse à deux chiffres - ayant permis de compenser un nouveau recul (-4% environ) d'Absolut.

FLEXIBILITÉ FINANCIÈRE

Grâce à une hausse de 10% du cash-flow libre, la dette nette a été réduite de 889 millions d'euros, à 6,96 milliards, apportant au groupe une nouvelle flexibilité financière.

"Nous avons les moyens de faire une acquisition importante", a déclaré Alexandre Ricard devant les analystes, ajoutant cependant que le groupe n'entendait pas "surpayer" une éventuelle opération et restait focalisé sur la stratégie de rachats ciblés de ces dernières années.

Pernod Ricard a précisé s'attendre à un robuste premier trimestre compte tenu d'une base de comparaison très favorable liée au calendrier des fêtes de la lune en Chine.

Le résultat net part du groupe a progressé de 13% à 1,58 milliard d'euros et le dividende proposé de 17% à 2,36 euros par action.

(Edité par Dominique Rodriguez)

par Pascale Denis