Alors que le chargement du combustible du réacteur était prévu fin décembre 2018, le groupe estime désormais que l'opération aura lieu au quatrième trimestre 2019 et a porté l'objectif de coût de construction du projet de 10,5 à 10,9 milliards d'euros.

Le début des essais dits "à chaud" de l'EPR de Flamanville est programmé avant la fin de 2018 tandis que son raccordement au réseau et son fonctionnement à pleine puissance (1.650 mégawatts) n'interviendront pas avant le premier et le deuxième trimestre 2020 respectivement.

"(Le) nouveau planning est tout à fait réaliste", a déclaré lors d'une conférence téléphonique Xavier Ursat, directeur exécutif d'EDF chargé de l'ingénierie et des nouveaux projets nucléaires.

Le groupe étudie en outre les conséquences du nouveau retard de Flamanville sur l'exploitation des deux réacteurs de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), dont la fermeture devait coïncider avec le démarrage de l'EPR et que le groupe envisageait fin mai de prolonger jusqu'à l'été 2019.

"Le retard d'un an du chargement du combustible de l'EPR de Flamanville (...) décale (...) l'arrêt de la centrale de Fessenheim. Il revient à l'exploitant d'en détailler les échéances précises", a écrit sur Twitter le secrétaire d'Etat à la Transition écologique et solidaire Sébastien Lecornu.

EDF avait annoncé en avril des défauts de qualité de certaines soudures de tuyauteries du "circuit secondaire principal" de l'EPR - qui sert à évacuer la vapeur produite dans le générateur de vapeur vers la turbine puis à ramener de l'eau vers le générateur -, prévenant que ces défauts pourraient entraîner des nouveaux retards et surcoûts.

"DÉTECTER LES PETITES IMPERFECTIONS"

Il a précisé mercredi dans un communiqué avoir contrôlé 148 des 150 soudures concernées, dont 33 "présentent des écarts de qualité et vont faire l'objet d'une réparation".

L'électricien public a en outre décidé de refaire 20 soudures qui ne "présentent pas de défaut" mais ne respectent pas ses exigences dites "de haute qualité".

Ces opérations - prévues de la fin du mois jusqu'à l'été 2019 - mobiliseront plus de 200 personnes, parmi lesquelles une trentaine de soudeurs, dont EDF prévoit de contrôler lui-même la qualité des travaux.

Pour dix autres soudures, "une démarche de justification spécifique permettant de confirmer le haut niveau de sûreté de l'installation tout au long de son exploitation" sera présentée à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

L'ASN a pour sa part demandé notamment à EDF de mettre en place "une organisation et une surveillance permettant d'éviter la répétition des écarts constatés".

"Trouver un défaut d'un millimètre sur plusieurs centaines de mètres de soudures déposés nécessite d'être extrêmement rigoureux sur la procédure, la façon d'utiliser les systèmes de contrôles, etc.", a expliqué Xavier Ursat.

"Les gens qui on fait des contrôles ont suivi une procédure qui ne permettait pas tout le temps de (...) détecter les petites imperfections."

Des difficultés sur le chantier de Flamanville et dans la fourniture de certains équipements avaient déjà contraint à de multiples reprises EDF à revoir le planning du projet et à relever son coût.

Annoncé à trois milliards d'euros lors de la présentation du projet, en 2004, l'EPR de Flamanville devait initialement entrer en service en 2012.

Le surcoût de 400 millions d'euros annoncé mercredi - dont EDF juge prématuré d'estimer la part qui lui reviendra - inclut 60 à 70 millions de réparations directes, le solde résultant de l'impact de la prolongation du chantier sur les autres contrats ou sur les structures d'ingénierie du groupe.

Quatre autres réacteurs de type EPR sont en projet ou en construction dans le monde : un en Finlande, qui connaît lui aussi d'importants retards et surcoûts ; deux en Chine, dont un a été le premier du genre à entrer en service en juin ; et deux en Angleterre, à Hinkley Point, dont EDF a déjà dû revoir le coût à la hausse.

(Benjamin Mallet, édité par Jean-Michel Bélot)