Emmanuel Macron a annoncé le 27 novembre que les dernières centrales au charbon françaises cesseront d'alimenter le réseau en 2022. Il reste quatre sites dans l'hexagone, deux appartenant à Electricité de France (Le Havre, Cordemais) et deux à Uniper (Gardanne, Saint-Avold). Le Président a aussi annoncé que le nucléaire ne représentera plus que 50% de la production d'électricité en 2035, contre 71,6% en 2017. Les deux réacteurs de Fessenheim seront stoppés à l'été 2020. Jusqu'à 14 réacteurs pourraient cesser de fonctionner d'ici 2035, si les alternatives sont opérationnelles. Les réacteurs concernés n'ont pas été nommément cités et le Chef de l'Etat a précisé que priorité sera donnée à la fermeture de tranches plus que de sites, pour éviter des crises sociales locales.
 

Les 58 tranches nucléaires opérationnelles (Source Document de référence 2017 EDF - Cliquer pour Agrandir)
 
Fin 2017, Electricité de France possédait encore trois tranches au charbon de 580 MW chacune, mises en service en 1983 et 1984 et modernisées entre 2014 et 2016. Elles sont situées au Havre (1 unité) et à Cordemais (2 Unités).
 

Parc thermique d'EDF  (Source Document de référence 2017 EDF - Cliquer pour Agrandir)

Entre 2013 et 2015, l'énergéticien a fermé 10 tranches charbon. Il aussi stoppé définitivement sa dernière tranche fioul, Cordemais 3, au printemps 2018. La production thermique 2017 d'EDF avait atteint 16,1 TWh, dont 6,1 TWh via les tranches charbon, 9 TWh via les CCG (centrales combinées au gaz) et le solde (1 TWh) avec les centrales au fioul ou TAC (turbines à combustion fioul, gaz et bicombustibles). En France métropolitaine en 2017, le charbon a représenté 1,8% de la production d'énergie et le fioul 0,7%, selon les données RTE. En ajoutant le gaz, le thermique à combustible fossile représentait 10,3% de la production. La large présence du nucléaire dans le mix-production confère à la France un bon bilan carbone.
 

Energie produite en France par source (Source RTE)
 
Globalement, la tournure prise par les événements n'est guère surprenante. Ce qui l'est davantage, c'est l'annonce d'une réflexion sur le renforcement de la part de l'Etat au capital, lui qui détient déjà 83,7%. L'Elysée souhaite en effet préserver l'intégrité de l'entreprise et lui donner les capacités de répondre aux enjeux de la programmation pluriannuelle de l'énergie. EDF doit présenter son propre projet tenant compte des orientations publiques choisies. Pour les financiers, le renforcement potentiel de la puissance publique dans le tour de table n'est pas une bonne nouvelle : le titre chute lourdement en bourse après les annonces. En outre, il n'y aura pas de décision concernant la construction de nouvelles centrales avant 2021, a noté Edouard Enault, chez AlphaValue, une annonce "clairement négative car le succès du secteur dépend désormais du seul EPR de Flamanville".