C'est un étape importante qui vient d'être franchie par le groupe, avec l'annonce de la cession de son bloc de contrôle de 69,11% dans le fournisseur d'électricité thaïlandais Glow Energy, pour une valeur voisine de 2,6 milliards d'euros. Entre le 1er janvier 2016 et le 31 mars 2018, Engie avait engagé la vente de 13,2 milliards d'euros d'actifs, dont 11,6 milliards d'euros avaient effectivement été finalisés. En ajoutant Glow, le processus se chiffre donc à environ 15,8 milliards d'euros. Pari plus que tenu donc. 

Dans le même temps, le programme d'investissement prévu a été réalisé ou engagé à 100%, soit 14,3 milliards d'euros de dépenses, essentiellement dans la production d'énergie bas carbone (plus de 7 milliards d'euros), dans les solutions clients (plus de 4,5 milliards d'euros) et dans les infrastructures (2,6 milliards d'euros). Les energies renouvelables permettent de s'insérer dans la transition énergétique, les solutions clients d'obtenir des marges plus élevées et les infrastructures de bénéficier de revenus offrant une visibilité élevée. 

Quels sont les principaux actifs qui ont été cédés ?

Les choix de cessions ont suivi une logique parallèle. Nette réduction de la voilure dans les centrales à charbon et les activités déficitaires ou trop fluctuantes et dans les projets trop coûteux ou nimbés d'incertitudes. Depuis 2016, Engie s'est notamment séparé de ses centrales thermiques américaines (3,09 milliards d'euros de prix de cession), de la centrale à charbon de Paiton en Indonésie (1,17 milliard d'euros) et de la centrale de Polaniec en Pologne (292 millions d'euros), tout en fermant l'une des unités les plus polluantes de la planète, Hazelwood en Australie. Le groupe a aussi cédé ses parts dans NuGen (122 millions d'euros), dans Petronet (436 millions d'euros), dans Opus Energy (122 millions d'euros) ou dans TEN (195 millions d'euros), pour ne citer que quelques-unes des transactions. 

Depuis le début 2018, deux autres opérations ont été réalisées, la vente des 70% détenus dans les actifs d'exploration et production à Neptun pour 4,7 milliards d'euros et celle de la centrale australienne de Loy Yang B. Toutes ces transactions ont contribué à ramener à 19,4 milliards d'euros la dette, qui atteignait encore 27,7 milliards d'euros à la fin de l'année 2015, juste avant que le programme de cessions ne soit enclenché. La cession de Glow Energy devrait avoir un impact additionnel positif sur la dette de 3,3 milliards d'euros. Elle marque la sortie définitive du groupe des centrales au Charbon dans la région Asie-Pacifique.
 

Engie fin 2017, sans intégrer les dernières opérations (source Engie)

Au 31 décembre 2017, les capacités installées se chiffraient à 103 GW, dont 56% en gaz naturel, 26% en énergies renouvelables, 7% en charbon, 6% en nucléaire et le solde de 5% en autres sources. Engie a prévu de tenir une importante conférence investisseurs au cours du quatrième trimestre 2018, pour présenter les nouvelles perspectives de moyen terme sur le nouveau périmètre.

Vers un retour du scénario d'investissement

Les analystes restent globalement positifs sur le dossier (13 avis positifs, 10 neutres et 1 négatif), valorisé en moyenne 15,61 euros, soit un potentiel de 18% sur les niveaux actuels. Mais le secteur de l'énergie est toujours en chantier et les rendements affichés ces dernières années sont clairement mauvais pour un investisseur. Engie a malgré tout une longueur d'avance sur pas mal de ses concurrents en matière de transformation. Cela n'a pas vraiment payé jusqu'ici, mais les analystes ont noté que la stratégie mise en place par Isabelle Kocher, à ce jour la seule patronne du CAC40, commence à porter ses fruits.
 

Le Market Screener montre bien les deux zones de faiblesse du dossier, notamment au niveau de la croissance

En utilisant notre technologie propriétaire Market Screener, on constate que le dossier n'est pas bien classé en matière d'investissement. Il pâtit en effet d'une panne de croissance manifeste, d'un manque de fiabilité sur les publications et d'un consensus qui s'est plutôt ajusté en baisse à court et moyen terme. Si le pari d'Isabelle Kocher réussit, la donne pourrait changer : le retour de la croissance, le désendettement désormais avéré et des résultats plus prévisibles devraient aider à améliorer les points de faiblesse et à remettre sur le devant de la scène des atouts non-négligeables : un gros coupon et une valorisation intéressante.