Malgré la récente hausse de taux de la Banque d’Angleterre, la Livre Sterling apparait plus que jamais vulnérable. En effet, les sombres perspectives imposées par un contexte de sortie de l’Europe très incertain et la légitimité contestée de Theresa May tendent peu à peu à éloigner les investisseurs du Royaume-Uni.

La BoE relève son taux directeur

Pour la première fois depuis l'éclatement de la crise financière il y a 10 ans, la Banque d'Angleterre a choisi d'augmenter le loyer de l'argent en relevant son taux directeur d'un quart de point. Il convient néanmoins de tempérer cette décision puisque la manœuvre a pour seule vocation de contrer une inflation qui s'est installée largement au-delà de l'objectif de l'institution britannique. La chute de la Livre, qui a suivi le vote sur le Brexit, en a été le principal catalyseur.

En augmentant son taux à 0.5%, la BoE le réajuste simplement au niveau auquel il stagnait entre mars 2009 et août 2016, avant que de nouvelles mesures exceptionnelles soient prises suite au référendum. Contrairement à la FED, l’institution britannique n’a donc pas entamé un cycle de resserrement monétaire et il est peu probable qu'il faille s'attendre à de nouvelles actions à court terme.

Aucune avancée significative dans les négociations

Une nouvelle salve de tractations entre Londres et Bruxelles n'a malheureusement pas permis de faire émerger la moindre progression dans les négociations. Initialement prévu pour mars 2019, le processus du Brexit alimente toujours beaucoup d'incertitudes.

Démissions au gouvernement, Theresa May fragilisée

Déjà contestée dans le contexte du Brexit, Theresa May doit désormais faire face à plusieurs scandales qui ont entrainé deux démissions successives au sein de son gouvernement. Le ministre de la Défense Michael Fallon, mis en cause dans une affaire d’harcèlement sexuel, puis Priti Patel, secrétaire d’Etat au Développement international, qui a rencontré des personnalités israéliennes de façon informelle, ont ainsi été contraints de quitter le navire.

Selon de récentes informations, plusieurs parlementaires conservateurs réclament le départ de la Première ministre. Mais peut-être plus inquiétant encore, les candidats à sa succession ne se bousculent pas au portillon du 10 Downing Street, signe que l'inconfort adossé à la fonction domine largement son prestige dans le contexte actuel.

L'UE révise en baisse ses prévisions de croissance au Royaume-Uni

Une fois encore, le manque de visibilité et les sombres perspectives liées à la sortie du RU oblige les économistes à revoir leurs prévisions. Ainsi la Commission européenne vient de corriger ses anticipations en matière de croissance outre-Manche. Sa prévision chute de +1.8 à +1.5% en 2017, puis à seulement +1.3% en 2018 et +1.1% en 2019.

La macroéconomie fait de la résistance

Jusqu'ici tout va bien. Alors que Londres bénéficie toujours de l'accès au marché unique, le ralentissement annoncé ne se matérialise pas encore dans les publications officielles. L’économie enregistre une croissance de +0.4% au troisième trimestre selon une première estimation tandis que la production industrielle a augmenté au-delà des attentes au mois de septembre. Le taux de chômage évolue dans ses plus faibles niveaux depuis 1975 (4.3%) pour une croissance des salaires qui se stabilise à +2.2%.

Graphiquement, l’Euro se relance face au Sterling après avoir parfaitement préservé un support d’importance au contact de 0.8750 GBP. La tendance conserve un biais haussier sur tous les horizons et un nouveau test des récents points hauts pourrait permettre à la monnaie unique d’accélérer au-delà de 0.93 GBP. Si fin 2008, la paire EUR/GBP atteignait 0.98 en plein cœur de la crise des subprimes, jamais dans son histoire la monnaie unique n’a été davantage valorisée que la devise britannique.