Imperturbable, la monnaie unique efface déjà le terrain perdu au mois de septembre, alors que ni la crise espagnole, ni la perspective d'un nouveau tour de vis outre-Atlantique ne semblent en mesure de remettre durablement en cause la tendance de fond.

Le torchon brûle de l’autre côté des Pyrénées, au cœur de la crise institutionnelle la plus grave depuis le rétablissement de la démocratie en 1977. Théâtre de violences policières, d'une grève générale et de plusieurs manifestations, la Catalogne, revendiquant son indépendance sur la base d'une parodie de référendum parfaitement illégale, oblige le gouvernement de Mariano Rajoy à taper du poing sur la table.

Après les forces de l’ordre, le pouvoir dégaine donc l'arme économique en adoptant d’urgence un décret simplifiant les démarches permettant aux entreprises locales de déménager leur siège social dans une autre région. Car contrairement à ce qu’exprime le verdict d’un scrutin biaisé par une participation partisane, une bonne moitié de la nation catalane, abstentionniste d’un jour par respect des institutions, s’oppose à l’émancipation de Barcelone.

Lors d'un discours très attendu, Carles Puigdemont, président de la Catalogne, conscient de mener une bataille déséquilibrée, recule donc d’un pas. Modérant son discours, le chef de file séparatiste n'a pas explicitement déclaré l'indépendance, appelant à des discussions avec Madrid et alimentant une gigantesque confusion sur ses intentions.

En réaction, l'exécutif national reste ferme et lance un ultimatum de 5 jours à la rébellion idéaliste, menaçant de suspendre l'autonomie de la Catalogne si la région choisissait de déclarer unilatéralement son indépendance. Une telle procédure, rendue possible par l’activation de l’article 155 de la constitution, permettrait à Madrid de reprendre le contrôle de la communauté du nord-est de la péninsule ibérique afin d’y rétablir l’ordre plus facilement.

Alors qu'une majorité de responsables européens, Angela Merkel et Emmanuel Macron en tête, ont publiquement exprimé leur soutien à l’unité de la quatrième économie de l’Union monétaire, isolant les indépendantistes dans une impasse, les investisseurs sont convaincus de l’impossibilité d’un détachement de la Catalogne à court terme.

Côté macro, le dernier rapport mensuel sur l'emploi américain fait état de données disparates (destruction d’emplois mais baisse du chômage et accélération de la hausse des salaires), auxquelles les cambistes attachent mois d'importance qu'à l'accoutumée en raison du contexte particulier lié aux derniers ouragans.

Enfin sur le plan de la politique monétaire, les minutes de la FED, compte-rendu de la dernière réunion de la banque centrale américaine, n'ont pas révélé de surprise. Le scénario d'une nouvelle hausse de taux au mois de décembre conserve une forte probabilité malgré des divisions persistantes au sein du comité quant au niveau de l'inflation.

En Europe, bien que les attentes autour d'une diminution du soutien de la BCE restent fortes, les gouverneurs de l'institution estiment qu’un renforcement de la devise européenne pénalise les perspectives de croissance et d'inflation.

Graphiquement, en données quotidiennes, le retracement de l’Euro échoue sur un support à 1.1714 USD, lui-même renforcé par la position et l’orientation de la moyenne mobile à 100 jours, l’ensemble permettant à la monnaie unique de reprendre sa marche en avant. Si les cours s’installent au-delà de 1.1888, s’imposerait alors très probablement un test de notre résistance à 1.2035, dernier obstacle avant une accélération potentielle vers de nouveaux sommets annuels.