Bien que le dernier rapport mensuel sur l’emploi américain entérine de manière quasi-certaine une hausse de taux de la FED dès le 15 Mars prochain, le ton plus optimiste de la BCE contribue à soutenir la monnaie unique face au billet vert.

Malgré un statu quo attendu sur ses taux, lesquels devraient rester à leur niveau actuel ou plus bas pour une période prolongée, l’institution européenne a en effet révisé en hausse ses prévisions de croissance et d’inflation pour 2017 et 2018.

Lors de la traditionnelle conférence de presse suivant chacune des réunions de la banque centrale, son président Mario Draghi a par ailleurs estimé que les risques de déflation avaient en grande partie disparu, confirmant même que le Conseil des gouverneurs n’avait pas évoqué de potentiel renouvellement d’opérations de refinancement à long terme (LTRO).

Enfin, l’économiste italien a rappelé l’indépendance de la BCE et le fait que le taux de change de l’Euro était déterminé par les forces du marché, alors que des attaques en provenance des Etats-Unis, par la voix de Donald Trump et de l’un de ses conseillers Peter Navarro, avaient accusé l’Allemagne de profiter d’une devise sous-évaluée pour soutenir son excédent commercial.

Les statistiques en provenance de la première économie mondiale affichent pourtant toujours une certaine robustesse alors que les investisseurs ont pris connaissance des derniers chiffres relatifs au marché du travail américain. Au mois de février, les Etats-Unis ont créé 235 000 emplois, contre 196 000 embauches attendues, et le taux de chômage s’est légèrement replié à 4.7%. Celui-ci évolue sous la barre de 5% depuis avril 2016, une zone proche du plein emploi compatible avec les objectifs de la FED. Et même si les salaires progressent légèrement moins que prévu, enregistrant une hausse de +0.2% contre +0.3% anticipé par les économistes, ils ont néanmoins augmenté de +2.8% sur un an et à un rythme annuel moyen de +2% depuis mi-2009, alimentant globalement l’inflation.

En conséquence, peu nombreux sont les opérateurs à douter encore des intentions de la FED à quelques jours d’une nouvelle décision de politique monétaire. Selon les données de CME, ils sont désormais 93% à anticiper une hausse de taux dès ce mois-ci. Mais puisqu’il s’est déjà nettement apprécié face à un panier de devises au cours des dernières séances, le risque est désormais principalement baissier sur le billet vert. En cas de surprise, la monnaie américaine serait en effet subitement prise à revers tandis que dans l’hypothèse d’une confirmation d’un nouveau tour de vis outre-Atlantique, la nouvelle pourrait déclencher une vague de prises de bénéfices, en particulier si une forme de prudence nourrit le ton du communiqué qui l’accompagne.

Graphiquement, le sort de l’Euro se joue à court terme au contact de 1.0671 USD. Scénario le plus probable cette semaine, une rupture de ce seuil en clôture quotidienne déclencherait des ordres stop et pourrait entrainer une nouvelle marche arrière du Dollar jusqu’à 1.0801. Le potentiel haussier de la devise européenne reste cependant limité en marge des élections législatives aux Pays-Bas et de la campagne présidentielle en France. Nous restons provisoirement à l’écart.