Bénéficiant de son statut de valeur refuge, le billet vert profite largement du décrochage des indices boursiers et de l’explosion de l’indicateur VIX, baromètre de la volatilité.

La génèse du vent de panique qui souffle actuellement sur les marchés mondiaux pourrait se décortiquer en trois étapes.

Sous la pression des dirigeants internationaux à Davos, les responsables américains ont d’abord tenté d’atténuer leurs velléités protectionnistes en vantant les mérites d’un Dollar fort ou en affirmant que l’Amérique d’abord, slogan de Donald Trump, ne signifiait pas l’Amérique seule. Le volte-face surprenait les investisseurs et les rendements américains s’envolaient déjà vers des sommets inédits en près de 4 ans.

Quelques jours plus tard, le compte-rendu de la dernière réunion de la Réserve Fédérale américaine illustrait la confiance du comité de politique monétaire. Le FOMC s’attend en effet à ce que l’inflation remonte cette année pour se stabiliser à moyen-terme autour de sa cible de 2% et anticipe même de nouveaux ajustements graduels sur les taux.

Enfin, le rapport mensuel sur l’emploi américain enfonçait le clou en révélant une accélération sensible de la hausse des salaires au mois de janvier, au rythme le plus rapide depuis fin 2009 (+2.9% sur un an), faisant parfaitement écho aux commentaires de la banque centrale.

L’enchainement de ces nouveaux éléments en un laps de temps resserré faisait ainsi craindre aux investisseurs une attitude de la FED plus restrictive que prévu à l’avenir, propulsant les taux américains vers de nouveaux records depuis fin 2013 sur le marché obligataire, et incitant les prises de bénéfices sur des bourses mondiales en surchauffe.

Fondamentalement, rien ne s’oppose pourtant aux valorisations actuelles et le scénario d’un repli durable manque de crédibilité. Les Etats-Unis enregistrent une croissance de +2.6% l’an passé tandis que l’activité dans les services accélère de façon significative en janvier (59.9). En Europe, une première estimation fait état d’une progression de +2.5% du PIB en 2017, un record en 10 ans, tandis que les responsables de la BCE ne cachent plus leur intention d’en finir avec les rachats d’actifs dès le mois de septembre prochain.

Graphiquement, l’Euro lâche logiquement du terrain dans le sillage des indices boursiers après s’être apprécié de plus de 4% depuis le début de l’année. La tendance reste néanmoins inchangée à ce stade et nous continuons de privilégier les achats sur repli alors qu’une reprise de la hausse devrait coïncider avec une baisse de la volatilité sur les marchés actions.