Cette restructuration en Europe, où le groupe perd de l'argent depuis des années, passera notamment par l'arrêt de la production de boîtes de vitesse dans l'usine de Blanquefort en août. Ford a suscité la colère des autorités françaises, jusqu'au président Emmanuel Macron, en refusant en décembre une offre de reprise de ce site en Gironde.

Le constructeur américain va aussi revoir ses opérations en Russie et regrouper les sièges de Ford UK et Ford Credit sur un seul site en Grande-Bretagne. Il va en outre arrêter la production des monospaces classiques pour se concentrer sur le segment plus rentable des "crossover" et des SUV.

Ford est soumis à une pression d'autant plus forte pour restructurer ses activités en Europe que son compatriote et principal concurrent General Motors a gonflé son bénéfice en vendant à PSA ses marques européennes Opel et Vauxhall en 2017.

"Nous prenons des mesures énergiques pour transformer l'activité de Ford en Europe", déclare Steven Armstrong, vice-président du groupe chargé de la région Europe, Moyen-Orient et Afrique, cité dans un communiqué.

"Nous voulons être un contributeur net et pas un débiteur net" pour les résultats du groupe, a-t-il ensuite dit lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes.

Interrogé au sujet d'éventuelles fermetures d'usines en Europe, il a répondu: "Un examen de notre présence industrielle fait partie de ce processus."

CE PLAN NE TIENT PAS COMPTE D'UN BREXIT "DUR"

Steven Armstrong a refusé d'avancer le moindre nombre pour les suppressions de postes, dans l'attente des négociations avec les syndicats, mais il a dit qu'elles se chiffreraient en milliers. Ford emploie 53.000 personnes en Europe.

L'annonce de cette restructuration coïncide avec celle de Jaguar Land Rover sur la suppression d'environ 4.500 emplois, essentiellement en Grande-Bretagne.

Steven Armstrong a déclaré que d'éventuels licenciements et fermetures de sites dépendraient de l'issue des négociations officielles avec les syndicats. Il a exprimé l'espoir de parvenir à des réductions d'effectifs via des départs "volontaires".

Ce plan d'économies ne prend pas en compte l'hypothèse d'un Brexit "dur", qui verrait la Grande-Bretagne sortir de l'Union européenne sans accord fin mars, a toutefois prévenu le patron des activités européennes de Ford.

"Si le Brexit allait dans la mauvaise direction, nous aurions à procéder à un nouvel examen pour atténuer cela", a dit Steven Armstrong.

Le constructeur part pour l'instant du principe que le Brexit n'entraînera pas de rétablissement de droits de douane entre la Grande-Bretagne et l'UE, a dit un porte-parole.

Ford Europe a accusé une perte opérationnelle de 245 millions d'euros au troisième trimestre 2018, ce qui représente une marge négative de 3,3%.

Au niveau de l'évolution de la gamme, Ford va s'efforcer de proposer une version électrique ou hybride de chacun de ses modèles à l'avenir et il ne développera probablement pas de nouvelle génération de moteurs diesel pour les citadines, a dit Steven Armstrong.

Cette "électrification" de la gamme ne dépend pas d'un éventuel accord avec Volkswagen, a-t-il ajouté.

Ford et Volkswagen vont annoncer la semaine prochaine, à l'occasion du salon automobile de Detroit, un élargissement de leur alliance, au-delà de leur coopération dans les véhicules commerciaux, a appris Reuters mercredi de deux sources proches des discussions.

Le titre du groupe américain, qui gagnait 1% en avant-Bourse, reculait de 2,7% à 8,48 dollars dans les premiers échanges à Wall Street.

(Benoit Van Overstraeten et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot et Catherine Mallebay-Vacqueur)

par Edward Taylor