ajoute cours de clôture

NEW YORK (awp/afp) - General Electric (GE) est inhabituellement monté au créneau vendredi pour affirmer sa solidité financière après son plongeon à Wall Street, suite à des inquiétudes portant sur l'état de ses liquidités.

Le fleuron industriel américain, à qui l'on doit l'invention de l'ampoule à filament et du réfrigérateur, est intervenu en urgence pour tenter de freiner sa déroute boursière. Un analyste financier a précipité cette chute en délivrant un bulletin de santé négatif.

"GE est fondamentalement solide, avec de solides liquidités. Nous prenons des mesures drastiques pour renforcer notre bilan", a déclaré par courriel à l'AFP une porte-parole.

Une déclaration en pleine séance boursière est rare, notamment de la part de multinationales, comme GE, qui ont pignon sur rue parce que leurs activités sont connues de la plupart des investisseurs.

Il est en outre inhabituel de voir un grand groupe répondre publiquement à un analyste financier, surtout venant de GE, une entreprise employant encore près de 300.000 personnes et qui fabrique, avec le français Safran, le moteur d'avion de nouvelle génération LEAP équipant les nouveaux Boeing.

Si l'objectif était de rassurer les investisseurs, c'est raté car l'action a dévissé de 5,71% à 8,58 dollars.

Dans une note, Steve Tulsa, un des grands connaisseurs de l'entreprise et analyste chez JPMorgan Chase, estime que le niveau actuel de l'action ne reflète pas le bilan de santé des activités et, notamment, les difficultés des divisions Energie (Alstom) et Financière (GE Capital).

Il juge que le titre devrait par conséquent évoluer aux alentours de 6 dollars, un plancher touché en mars 2009 au plus fort de la crise financière, d'autant que de nombreuses craintes entourent également les liquidités et, notamment, les flux de trésorerie.

"Il y a une détérioration des fondamentaux (de l'entreprise) et d'ici 2020, six des huit segments d'activités seront en difficulté", avance M. Tulsa.

Flambée des primes d'assurances

"Le titre est entré dans une spirale qui inquiète les professionnels du marché" qui commencent publiquement à évoquer le pire et s'interrogent sur l'avenir de cette icône américaine, enchérit Gregory Volokhine, gérant de portefeuille chez Meeschaert.

"Sa chute en Bourse peut entraîner des dégâts considérables et mener à un scénario à la Lehman Brothers", développe M. Volokhine en référence à la défunte banque d'affaires américaine dont l'effondrement en septembre 2008 avait débouché sur la plus grave crise financière depuis 1929.

"Les banques pourraient ne plus vouloir apporter à court terme l'argent nécessaire à l'entreprise", ajoute cet expert, disant craindre un envol des taux d'intérêt auxquels GE emprunte, ce qui finirait par étrangler l'entreprise dont la dette s'élevait à 115 milliards de dollars au 30 septembre.

En l'espace de deux mois, les primes des assurances contractées par des investisseurs en cas de faillite de l'entreprise (CDS, credit default swaps) ont augmenté de 200%, confie M. Volokhine.

Balayant ces inquiétudes, une source interne assure à l'AFP que l'entreprise dispose actuellement de lignes de crédit d'environ 40 milliards de dollars et peut également vendre à tout moment des actifs qui lui rapporteraient 60 milliards en plus, ce qui lui permet de parer à toute urgence. GE pourrait par exemple se délester de sa participation de 62,5% dans le groupe de services pétroliers Baker Hughes.

"Certes nous avons des handicaps mais nous avons également des actifs et ces actifs ont une valeur substantielle", a déclaré cette source sous couvert d'anonymat.

A l'origine de nombreuses inventions - la lampe à fluorescence, la transmission radio, le réfrigérateur, le silicone, le réacteur d'avion, le pilotage automatique des avions ou le réacteur nucléaire civil - GE est devenu l'ombre du mastodonte ayant dominé l'industrie mondiale pendant des années à cause de mauvais paris dans les énergies fossiles et d'erreurs de management.

Le 30 octobre, la société a annoncé une perte trimestrielle record de 22,8 milliards de dollars, due à 22 milliards de dépréciations d'actifs en grande partie liées à Alstom, le fleuron français acheté au plus fort en 2014.

Ses déboires dans l'énergie et l'assurance font l'objet d'enquêtes du ministère de la Justice américain (DoJ) et du gendarme de la Bourse, la SEC, qui soupçonnent des irrégularités comptables.

GE a un nouveau PDG, Larry Culp, depuis le 1er octobre, son deuxième en un peu plus d'un an seulement.

L'agence Moody's a pour sa part abaissé de deux crans la note de solidité financière du groupe.

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