Legrand, qui conçoit et fabrique des matériels et infrastructures électriques et numériques pour le bâtiment, réalise 37% de son chiffre d'affaires en Amérique du Nord et centrale. Certaines familles de ses produits sont fabriquées en Chine, et touchées à ce titre par les tour de vis douaniers décrétés en 2018, puis en 2019, par le président américain Donald Trump.

"Pour donner un ordre de grandeur, les tarifs américains coûtent à Legrand un surcoût en 2019 de l'ordre de 60 millions de dollars, ce qui n'est pas rien", a souligné Benoît Coquart, directeur général du groupe, au cours d'une téléconférence de presse.

Sur la première partie de l'année, Legrand a pleinement compensé la hausse des droits de douane grâce à sa politique tarifaire et à l'adaptation de son offre et de sa structure, et maintenu mardi son objectif annuel d'une marge opérationnelle ajustée totale du groupe comprise entre 19,9% et 20,7%.

Présent plus en aval sur la distribution des équipements et matériels électriques, Rexel est affecté lui aussi par l'effet inflationniste des droits de douane américains. Mais le groupe, qui réalise 39% de ses ventes en Amérique du Nord, a confirmé lui aussi mardi ses prévisions 2019.

"Nous avons tiré quelques leçons de la première hausse des tarifs l'an dernier, c'était la première fois en dix ans que nous devions y faire face", a expliqué Patrick Berard, directeur général de Rexel, au cours d'une téléconférence.

"Maintenant, les équipes commerciales savent comment faire. Par exemple, aucun projet n'est plus signé sans ajustement de prix."

Le principal levier consiste à répercuter la hausse des droits de douane sur les prix facturés aux clients finaux, en faisant évoluer le mix car il est plus aisé d'augmenter un tarif dans une activité de proximité que dans un plus grand projet. Quand cela ne suffit pas, Rexel utilise ses gains de productivité.

"Les mesures que nous avons prises resteront en vigueur, vu l'incertitude actuelle, au cours des prochains mois et probablement des prochaines années", a ajouté Patrick Berard.

Legrand, qui mise malgré tout plus que jamais sur le marché américain où il a signé sa dernière acquisition en date - Universal Electric Corporation pour se renforcer dans les datacenters - ne s'attend pas non plus à un apaisement rapide du climat économique.

Aux tensions commerciales entre Washington et Pékin s'ajoutent en effet la nouvelle inconnue du Brexit, la crise économique en Turquie, la reprise fragile au Brésil et les signes de ralentissement en Europe occidentale.

"Le niveau d'incertitude est toujours très significatif, on peu les lister, c'est un peu le musée des horreurs", a dit Benoît Coquart.

(Gilles Guillaume, édité par Catherine Mallebay-Vacqueur)