Pressions géopolitiques et initiatives diplomatiques continuent de rythmer les marchés pétroliers à l’aube de ce deuxième trimestre. L’escalade des tensions, rapportée de Syrie et du Yémen, cristallise ce nouveau contexte créateur de volatilité. La voie des armes, opposant indirectement les Etats-Unis et la Russie, les deux plus gros producteurs d’or noir au monde, inquiète les opérateurs. Par conséquent, le cours du Brent a atteint des niveaux inédits datant de trois ans, à près de 73 USD le baril.

Au-delà des rouages géopolitiques, les données fondamentales demeurent mitigées, apportant une source supplémentaire d’incertitude dans un marché déjà sous tension. L’agence internationale de l’énergie (AIE) a maintenu ses prévisions de demande de pétrole en 2018. L’institution reste confiante quant à la capacité du marché à se rééquilibrer et relève même que les stocks commerciaux des pays membres de l’OCDE pourraient atteindre leur moyenne sur cinq ans dès le mois de mai. En revanche, notons que ces prévisions peuvent sensiblement se dégrader en cas de guerre commerciale sino-américaine, où l’agence y voit un facteur d’incertitude majeur.

Par ailleurs, dans leur rapport mensuel, l’OPEP et l’agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) révisent conjointement à la hausse leur estimation de production américaine. Le nombre de forages en exploitation aux Etats-Unis ne cesse de progresser, d’autant plus que les compagnies sont incitées à produire au fur et à mesure que les cours pétroliers progressent. Il convient de rappeler que les producteurs de pétrole de schiste disposent d’une marge de manœuvre considérable dans la conduite de leur production par rapport aux producteurs de pétrole conventionnel. Force est de reconnaître que cet atout donne des idées à d’autres pays, dont l’Australie, qui prévoit d’augmenter sensiblement sa production de pétrole via des gisements de schiste.

Du côté de la production de l’OPEP, le cartel se félicite de voir la production de ses membres baisser en raison des quotas de production. Il faut néanmoins imputer une part importante de cette baisse au Venezuela, dont la production s’effondre en raison la crise économique que traverse le pays. Enfin, dernière subtilité que les opérateurs ont rapidement éclipsée, la déclaration du ministre iranien du pétrole qui s’est dit favorable à un baril à 60 USD. Cela sous-entend de futures divisions au sein du cartel, qui se réunit le 22 juin prochain pour décider de la poursuite ou non des restrictions de production.

Graphiquement, en unités de temps hebdomadaires, le cours du Brent s’est extrait de la zone de consolidation bornée entre 62 et 70 USD. Le trend primaire haussier reprend ainsi ses droits, avec en ligne de mire le seuil symbolique des 80 USD. Les acheteurs gardent définitivement la main, à l’image de la pentification des moyennes mobiles hebdomadaires. A ce titre, seul un retour sous les 70 USD militerait pour une pause à court terme.