Les ventes des horlogers suisses souffrent du moindre appétit des touristes chinois, leurs principaux clients, avec la dépréciation du yuan et les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis. Le titre Swatch a chuté d'environ 40% au second semestre 2018.

En France, la fin de l'année a été marquée par le mouvement de contestation sociale des "Gilets jaunes", qui a entraîné des fermetures de commerces, notamment à Paris, les derniers samedis précédant les fêtes de fin d'année.

"(En Asie), une baisse de la demande est survenue durant les trois derniers mois de l'année, particulièrement dans les ventes en gros", a dit Swatch.

Pour Rogerio Fujimori, analyste de RBC Capital Markets, la performance négative de Swatch durant le trimestre des fêtes de fin d'année contraste avec la croissance organique de 7% de la division montres et joaillerie de LVMH, numéro un mondial du luxe, et de 5% chez son concurrent Richemont.

Swatch, propriétaires des marques Tissot, Omega ou Breguet, pense cependant redresser la tête cette année, malgré une base de comparaison difficile au premier semestre, après avoir déjà constaté une "croissance solide" de son activité en janvier, ce que des analystes attribuent au Nouvel An chinois.

"La position dominante (...) en Chine va devenir une opportunité unique pour le groupe en 2019, même si la persistance de turbulences sur les marchés demeure un élément perturbateur", dit Swatch.

DIVIDENDE PLUS FAIBLE QUE PRÉVU

Le chiffre d'affaires a progressé de 5,7% à changes constants en 2018, à 8,48 milliards de francs (7,42 milliards d'euros), alors que les analystes interrogés par Reuters anticipaient 8,65 milliards.

Le bénéfice net a lui aussi été inférieur aux attentes, bien qu'en hausse de 14,8% à 867 millions de francs, contre 952 millions attendus, ce qui va amener le groupe suisse à proposer un dividende moins élevé que prévu de 8 francs par action.

"Clairement décevant. La croissance organique des ventes et la marge ont décliné dans la deuxième partie de l'année", commente Jon Cox, analyste de Kepler Cheuvreux.

Pour Rene Weber, de Vontobel, les problèmes rencontrés dans les circuits de distribution des marques Omega et Longines ne fournissent qu'une explication partielle à la tendance négative sur les ventes et sur la marge. Cet analyste va abaisser de plus de 10% ses estimations.

Swatch n'a pas mentionné jeudi ses marques haut de gamme Breguet et Jaquet Droz ni la demande pour Tissot, confronté à la concurrence des montres connectées.

L'horloger suisse a reporté à une date ultérieure d'ici la fin de l'année le lancement d'une montre connectée Tissot dotée de son propre système d'exploitation.

Le titre Swatch perd 6,52% vers 10h15 GMT, plus forte baisse de l'indice européen Stoxx 600, lui-même quasiment stable (+0,05%) au même moment.

(Bertrand Boucey pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot)

par Silke Koltrowitz