PARIS, 13 mai (Reuters) - Un fonds d'investissement de 225 millions d'euros va être mis en place en faveur des industries créatives et culturelles, a annoncé lundi Emmanuel Macron, confirmant une promesse de campagne qui doit permettre à la France de renforcer ses positions dans un contexte de concurrence internationale féroce.

"On a décidé avec le gouvernement de la création d'un fonds d'investissement français en fonds propres pour les industries créatives et culturelles de 225 millions d'euros", a dit le chef de l'Etat lors d'un déjeuner à l'Elysée avec 130 acteurs du secteur (média, cinéma, théâtre, livre, musique, jeu vidéo, design, tourisme, architecture...). "La décision a été prise et sera budgétée".

"Le renforcement des capacités actuelles de l'Ifcic", l'institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles, a également été décidé et deviendra "une réalité au 1er janvier 2020", a-t-il ajouté devant notamment le réalisateur Claude Lelouch, le musicien Jean-Michel Jarre, le patron de Canal + Maxime Saada ou encore la présidente de France télévisions Delphine Ernotte.

Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron s'était engagé à investir dans les industries créatives et culturelles (ICC) françaises en créant un fonds d'investissement dédié de 200 millions d'euros et "consacré à l'amorçage et au développement des entreprises innovantes".

Selon l'Elysée, ce fonds, sur lequel aucune autre précision n'a été pour l'heure apportée, sera opéré par la Banque publique d'investissement (BPI).

Le secteur des ICC, qui représente à lui seul 600.000 emplois et 45 milliards d'euros de valeur ajoutée en France, reste confronté au défi de la répartition de la valeur entre acteurs traditionnels, producteurs de contenu créatif et média numérique.

"Le vrai défi qu'on a, c'est un défi de répartition de la valeur et de la transformation des régulations", a estimé Emmanuel Macron. "Il faut nous organiser collectivement, sinon cette bataille est perdue".

"Face aux défis du numérique, c'est d'un engagement collectif dont nous avons besoin", a-t-il insisté. "Je suis convaincu que si nous restons divisés (...) nous ferions une erreur" face aux "grands champions américains" et au "modèle chinois surfinancé, statocentré, qui peut faire des ravages".

Présent au déjeuner, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a dépeint la France comme une "nation de créateurs exceptionnelle mais avec une industrie culturelle fragile."

L'enjeu principal du plan d'action pour l'industrie culturelle qui verra le jour fin 2019 est "la défense de la souveraineté", a-t-il souligné. "Nous pouvons y arriver si nous nous en donnons les moyens. Allons y fort et vite." (Marine Pennetier, avec pool, édité par Yves Clarisse)