Paris (awp/afp) - Le géant français des médias Vivendi a remporté vendredi une première manche dans son combat pour faire annuler le projet de création d'une holding européenne porté par le groupe de télévision italien Mediaset en obtenant la suspension provisoire, à Madrid, des résolutions adoptées lors d'une assemblée générale.

Le tribunal de commerce de Madrid a suspendu provisoirement les accords sociaux approuvés par l'assemblée générale extraordinaire des actionnaires de Mediaset Espagne du 4 septembre, à la demande de Vivendi qui les contestait, selon la décision publiée vendredi et dont l'AFP a obtenu une copie.

Pour le juge, "sans préjuger du fond de l'affaire (...), ces modifications structurelles semblent être destinées à la fois à blinder le pouvoir de Fininvest dans le groupe Mediaset et, surtout, à affaiblir et porter atteinte aux droits de Vivendi" comme actionnaire.

Citant un rapport d'expert, le juge dit avoir constaté que "les économies d'échelle invoquées sont très douteuses, voire inexistantes; que l'internationalisation n'en est pas une (il s'agit d'un groupe hispano-italien qui le restera) et qu'on ne comprend pas pourquoi [la société] produirait davantage et mieux par le simple fait qu'il y ait fusion".

Vivendi a déclaré à l'AFP qu'il était "satisfait" de cette décision qui reconnaît "que le projet de fusion a été imposé de manière abusive par Mediaset et son actionnaire de contrôle Fininvest au détriment de l'ensemble des actionnaires minoritaires".

Mediaset Espagne a aussitôt réagi par un communiqué, se disant "en profond désaccord" avec cette décision provisoire et a annoncé qu'"elle la contesterait immédiatement, en espérant qu'elle serait révoquée" en appel.

Le 4 septembre, les groupes de télévision Mediaset et Mediaset Espagne, dont l'actionnaire principal est la famille Berlusconi via la holding Fininvest, avaient validé lors d'assemblées générales extraordinaires la fusion de leurs activités au sein d'une holding de droit néerlandais, Media for Europe (MFE).

Vivendi, deuxième actionnaire de Mediaset, s'est opposé à ce projet censé fédérer les grands acteurs de la télévision face aux plates-formes numériques, mais qui doit aussi permettre à la famille Berlusconi de renforcer largement son contrôle sur le groupe, au détriment du Français.

afp/rp