LONDRES, 8 décembre (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) considère que la réduction du montant de ses achats mensuels d'actifs couplée à une prolongation de son programme ne représente pas un ralentissement progressif de sa politique d'assouplissement quantitatif ("tapering") mais certains économistes et intervenants de marché estiment que cela y correspond bien.

Le débat n'a rien d'oiseux, le "tapering" impliquant une orientation plus restrictive de la politique monétaire et constituant une première étape vers une normalisation, un scénario que les marchés n'ont pas encore intégré.

Pour les tenants du "tapering", la BCE a annoncé qu'elle achèterait désormais 60 milliards d'euros d'actifs par mois dans le cadre de son programme et non plus 80 milliards. Il s'agit donc bien d'une réduction.

"La BCE vient juste d'annoncer un tapering", écrivent ainsi les économistes d'ING dans une note publiée en réaction aux annonces de jeudi.

Les rendements obligataires se sont tendus dans un premier temps comme ils devraient le faire si un "tapering" était à l'ordre du jour avec comme objectif un arrêt des achats de la BCE.

Les investisseurs s'attendaient à une prolongation de six mois des achats d'actifs de la BCE sans modification de l'enveloppe mensuelle. Cela se serait traduit par une injection de liquidités supplémentaires de 480 milliards d'euros.

En prolongeant son programme d'achats pour neuf mois supplémentaires, la BCE va toutefois injecter 540 milliards de liquidités additionnelles dans l'économie de la zone euro.

"Il n'est pas question de tapering", a dit le président de la BCE, Mario Draghi. "Le tapering n'a pas été débattu aujourd'hui."

Il a ajouté : "Le terme a un sens, plusieurs sens selon la personne qui l'utilise. Mais la manière dont on peut le considérer, je veux dire la manière naturelle de considérer un terme comme celui-là est d'avoir une politique qui conduirait les achats à descendre progressivement à zéro, et cela n'a pas été discuté ou, en réalité, cela n'a même pas été à l'ordre du jour".

Certains économistes optent pour le compromis, parlant de "tapering accommodant", de "quasi tapering" ou de "tapering technique".

Pour les économistes de Barclays, la BCE a choisi "une réduction prudente de l'assouplissement quantitatif" qui ne correspond pas selon eux à un "tapering".

La formulation la plus claire pour l'instant a été de qualifier les décisions de la BCE de "tapering qui ne dit pas son nom".

(Jeremy Gaunt, Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)