La transaction met un terme à une saga mouvementée marquée par des péripéties légales et des échanges d'amabilités et durant laquelle Elan a rejeté trois OPA hostiles du fonds d'investissement américain Royalty Pharma avant de se mettre de lui-même en vente le mois dernier.

Perrigo, un groupe basé dans le Michigan qui confectionne des produits pharmaceutiques vendus sans ordonnance, versera 6,25 dollars en numéraire et 10,25 dollars en titres par action Elan, soit une prime de 10,5% environ sur le cours de clôture de sa cible vendredi. L'action Elan gagnait plus de 8% à 12,05 euros lundi matin à la Bourse de Dublin.

"Ce qui nous intéresse, ce sont les implications pour l'expansion à l'international. Nous estimons que c'est financièrement convaincant et lorsqu'on ajoute la domiciliation en Irlande et ses synergies fiscales, alors nous pensons que c'est vraiment pertinent", a dit à Reuters le directeur général de Perrigo Joe Papa.

Elan bénéficie d'un impôt sur les sociétés (IS) au taux de 12,5%, alors qu'il est de 35% aux Etats-Unis, un élément de poids dans le choix de Perrigo qui n'aura aucun mal à transférer son siège social.

De même, le génériqueur américain Actavis avait pu ramener son taux d'imposition de 28% à 17% en rachetant le laboratoire basé à Dublin Warner Chilcott en mai pour cinq milliards de dollars.

EXCELLENTE SOURCE DE FINANCEMENT

Reuters avait rapporté en exclusivité la semaine dernière que Perrigo et Forest Laboratories se préparaient à soumettre des offres et qu'Elan espérait annoncer une vente dès la début de cette semaine.

Elan, fondé en 1969, avait également suscité l'intérêt dans un premier temps d'Allergan, Mylan International et Endo HealthSolutions, avaient dit à l'époque plusieurs personnes au fait du dossier.

Pour Elan et son directeur général Kelly Martin, en poste depuis 2003, époque où l'action était tombée à deux dollars, cette transaction vient justifier le rejet répété des propositions de Royalty Pharma.

L'offre finale de ce dernier était de 13 dollars par action en numéraire, ainsi qu'un certificat de valeur conditionnelle (contingent value right) susceptible d'ajouter 2,50 dollars en fonction de seuils de vente du Tysabri, un traitement de la sclérose en plaques.

Certains investisseurs d'Elan pensaient qu'un repreneur venant de l'industrie pharmaceutique pouvait éventuellement revendre à Royalty une partie des redevances du Tysabri, répondant ainsi au souhait systématique manifesté par le fonds américain.

Elan avait vendu en février la moitié de ses intérêts dans le Tysabri à son associé américain Biogen moyennant 3,25 milliards de dollars, tout en conservant ses droits à redevance sur ce médicament qui a réalisé un chiffre d'affaires de 1,6 milliard de dollars l'an passé.

Pour Joe Papa, ces redevances sur le Tysabri représentent une excellente source de financement d'éventuelles autres opérations à l'avenir.

Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Véronique Tison

par Padraic Halpin