Séoul (awp/afp) - Le numéro un mondial des smartphones et des puces mémoire Samsung Electronics a annoncé jeudi une dégringolade de son bénéfice net trimestriel en raison de l'affaissement de la demande pour ses produits phares.

Entre octobre et décembre, le bénéfice net est ressorti à 8460 milliards de wons (7,6 milliards de francs suisses), soit 31% de moins qu'un an auparavant, a dit le groupe dans un communiqué.

Ces résultats ajoutent aux inquiétudes pour le secteur technologique alors qu'Apple a subi une dégringolade inédite des ventes d'iPhones fin 2018, surtout en Chine.

Samsung Electronics est le navire amiral du groupe Samsung, de loin le plus importants des conglomérats qui dominent le monde des affaires sud-coréen et ses résultats pèsent sur l'état de santé d'une économie au 11ème rang mondial.

Samsung avait affiché ces dernières années des résultats records malgré une série de revers, dont le rappel planétaire humiliant de son appareil phare et la condamnation de l'héritier de l'empire.

Mais le tableau commence à s'assombrir, avec la baisse des prix des puces mémoire dans un contexte d'augmentation de l'offre et de recul de la demande mondiales.

Si Samsung Electronics domine le marché mondial des smartphones avec 20% des parts, il est confronté à la montée en puissance de groupes chinois comme Huawei, qui a arraché à l'américain Apple sa deuxième place sur le podium mondial, avec ses appareils de bonne qualité à prix compétitif.

"Des conditions macro et micro économiques défavorables ont débouché sur un ralentissement de la performance au dernier trimestre", déclare le groupe. Les résultats "ont été affectés par une diminution de la demande des puces mémoire utilisées dans les smartphones et les centres de données".

La demande en puces devrait rester morose au premier trimestre 2019 "du fait des incertitudes saisonnières et macroéconomiques", ajoute le mastodonte.

"Volatilité mondiale"

Les résultats de Samsung chutent au moment où la croissance chinoise ralentit, une tendance exacerbée par la guerre commerciale entre Pékin et Washington.

Samsung fait à peine mention du géant asiatique dans son communiqué mais met l'accent sur "la volatilité économique internationale".

Le département écrans du groupe sera, lui, affecté par le "ralentissement des ventes de smartphones premium", une concurrence accrue et "l'expansion à grande échelle des capacités de l'industrie".

Pour l'année 2018, Samsung annonce un bénéfice net de 44.300 milliards de wons, en hausse de 5,1% sur un an.

Mais pour 2019, prévient le groupe, le chiffre d'affaires devrait chuter. Toujours en cause, "la performance plus faible du secteur de la mémoire".

Le bénéfice net est inférieur aux attentes d'analystes interrogés par Bloomberg mais le titre de Samsung Electronics prenait 0,7% dans les échanges de la matinée.

Pour Greg Roh, analyste chez HMC Securities & Investment, les ventes moroses de mémoires DRAM, qui entrent dans la composition des ordinateurs et des serveurs, et la baisse des prix sont les causes de la "faiblesse" de ce résultat trimestriel.

"Réorganisation"

"Le premier semestre de cette année sera encore plus difficile", a-t-il dit à l'AFP, prédisant une chute de 30% du bénéfice d'exploitation pendant la période.

Samsung entend renverser la vapeur en présentant cette année des smartphones pliables et autres engins 5G.

L'entreprise "réorganise" sa gamme dédiée au marché de masse "afin de mieux répondre rapidement à des tendances qui changent vite".

"Samsung perd du terrain face à Huawei, Xiaomi et d'autres rivaux chinois sur les énormes marchés chinois et indien", déclarait Neil Mawston, analyste chez Strategy Analytics quand le géant avait publié récemment un avertissement sur résultats.

Dans l'espoir d'attirer les consommateurs chinois, Samsung avait lancé en 2018 une série de téléphones de moyenne gamme, dont le Galaxy A6s, d'un coût de 200 dollars, conçu par un fabricant chinois, une première pour l'entreprise sud-coréenne.

Las, cela n'a pas suffi à regagner le terrain perdu dans le plus grand marché de smartphones au monde, où Samsung détenait jadis 20% des parts contre moins de un pour cent au troisième trimestre 2018. Le mois dernier, il a annoncé la fermeture de son usine à Tianjin.

Samsung n'est pas le seul à la peine en Chine.

Apple a annoncé mardi que sur les trois derniers mois de l'année, son chiffre d'affaires en Chine--tous produit confondus-- avait chuté de 27% pour atteindre 13,16 milliards de dollars.

La réputation de solidité de Samsung avait été gravement entachée en 2016 par l'affaire du Galaxy Note 7 aux batteries explosives, dont le rappel avait coûté des milliards d'euros.

En outre, l'héritier de Samsung Group, Lee Jae-yong, s'était retrouvé englué dans le vaste scandale de corruption qui avait coûté son poste à l'ex-présidente Park Geun-hye et avait passé quasiment un an derrière les barreaux.

afp/al