Zurich (awp) - Les marchés réagissaient vivement jeudi à la décision de la Banque centrale européenne (BCE) d'assouplir davantage sa politique monétaire pour contrer une dégradation des perspectives conjoncturelles. La Banque nationale suisse, qui doit dévoiler d'ici une semaine sa décision sur ses taux directeurs, est attendue de pied ferme.

Peu après la décision de la Banque centrale européenne, le SMI franchissait un nouveau plus haut historique en séance à 10'137,87 points. A 14h46, l'indice phare de la place zurichoise évoluait en hausse de 0,33% à 10'132,06 points.

Du côté des devises, le franc se raffermissait nettement face à l'euro à 1,0852 EUR/CHF, tandis que la devise helvétique suivait le chemin inverse face au dollar en se relâchant à 0,9947 USD/CHF.

L'institut d'émission francfortois a annoncé jeudi un paquet de mesures avec la réactivation des rachats de dette publique et privée, à raison de 20 milliards d'euros par mois à compter de 1er novembre pour une période indéterminée, financés par de la création de monnaie.

La BCE a aussi annoncé l'abaissement du taux de dépôt frappant les liquidités excédentaires des banques, déjà négatif depuis 2014, pour le porter de -0,40% à -0,50%. La mesure était attendue et largement plus consensuelle.

Le taux "de refinancement", qui permet aux banques de se financer sur une semaine, a été maintenu à 0%, son niveau le plus bas où il campe depuis trois ans.

"La BCE a en grande partie fourni aux marchés ce qu'ils voulaient", ont commenté les analystes de la banque IG. Ces derniers ont cependant estimé qu'en matière de volume du relâchement quantitatif et des taux d'intérêt, la BCE "a légèrement déçu les attentes".

Craintes partagées par la BNS

Le président de la BCE Mario Draghi "n'y est pas allé avec le dos de la cuillère", ont pour leur part souligné les spécialistes de VP Bank dans un commentaire. "Au vu des mauvaises données conjoncturelles, notamment en Allemagne, Mario Draghi se devait d'agir", ont-ils ajouté.

L'institut d'émission européen "prend très au sérieux le ralentissement économique dans la zone euro, tout comme les risques liés au litige commercial entre les Etats-Unis et la Chine", a précisé Ricardo Evangelista d'Activtrades.

"Ces craintes sont également partagées dans une certaine mesure par la BNS", a-t-il ajouté. Au vu de la situation actuelle, la BNS ne devrait pas resserrer sa politique monétaire pour protéger les exportateurs suisses et l'économie helvétique dans son ensemble.

Au contraire, la BNS pourrait être obligée d'abaisser à son tour le taux d'intérêt sur les avoir à vue qui se trouve actuellement à -0,75%. Alors que la réunion trimestrielle de la banque centrale suisse est agendée au 19 septembre, elle pourrait agir avant cette date pour surprendre les marchés.

al/rp