La Société Générale et BNP Paribas ont publié leurs résultats trimestriels le même jour, une fois n’est pas coutume. Les deux établissements ont été affectés par les mêmes tendances : effets de change adverses et contexte de marché pénalisant pour la banque de financement et d’investissement. Les bénéfices nets, du moins facialement, sont supérieurs aux attentes du consensus. Mais cela ne suffit pas à gommer la déception. Le titre BNP perd -2,7% à 61,72 euros dans les premiers échanges, alors Société Générale s’effondre de -5,5% à 42,43 euros. Les deux dossiers contribuent grandement aux difficultés du CAC40 en début de séance. 

Du nouveau pour la SocGen, sauf aux Etats-Unis

Plus la semaine a avancé, plus on a parlé de la Société Générale. Cela a débuté avec la rumeur du versement prochain d’1 milliard de dollars pour éteindre deux contentieux aux Etats-Unis, avant de continuer hier soir avec l’annonce du départ de Bernardo Sanchez-Incera, qui dirigeait la banque de détail, et la nomination de quatre directeurs généraux délégués à Frédéric Oudéa. Ce matin, ce sont les résultats qui intéressent le marché, avec un bénéfice net de 850 millions d’euros sur le trimestre écoulé, supérieur de 13,8% à celui du premier trimestre 2017 et de 6,5% par rapport au consensus Factset. L’établissement est allé chercher son surcroît de profits dans la forte baisse du coût du risque, car le produit net bancaire a baissé, affecté par le change, tandis que le résultat brut d’exploitation s’est contracté plus fortement encore, en partie à cause d’une progression des frais de gestion. Le bénéfice net sous-jacent (sans les exceptionnels et l’effet de la norme IFRIC 21) est d’ailleurs en baisse, comme le ROTE sous-jacent qui passe de 12,1% à 10,9%. Le ratio CET1 recule aussi.

La SocGen ne communiquera pas sur une issue positive dans les discussions avec les autorités américaines sur les litiges pendants. C’est un peu tôt pour ça, malgré les rumeurs qui ont circulé cette semaine. La banque reste en phase de "discussions actives" et espère aboutir très rapidement. Les dotations globales aux provisions pour litiges n’ont pas été modifiées, un signe plutôt encourageant. Le management s’en tient aux objectifs du plan annoncé en novembre dernier et baptisé « Transform to Grow ». Chez Jefferies, Maxence Gouvello du Timat juge les résultats « décevants » en première lecture, avec des accrocs dans toutes les divisions par rapport aux attentes, notamment en CIB. Le dossier pourrait se retrouver sous pression « à cause d’une performance plus faible que prévu dans la CIB, de changements inattendus dans le haut management qui ne devraient pas aider et de l’absence de conclusion dans le contentieux américain », souligne le spécialiste.

BNP Paribas travaille ses économies de coûts

Côté BNP Paribas, les résultats sont aussi en baisse mais supérieurs, du moins facialement, aux attentes des analystes. Le bénéfice net a atteint 1,57 milliard d’euros, en baisse de 17,3% sur un an, pour un consensus Factset positionné à 1,45 milliard d’euros. Hors exceptionnels, il se serait contracté de -3,8%. Produit net bancaire en baisse et frais de gestion en hausse sont aussi au programme du numéro un français du secteur. Le ROTE ressort à 11,9% hors exceptionnels et le ratio CET1 Bâle 3 plein à 11,6%. La direction confirme là aussi les objectifs du plan 2020, avec 175 millions d’euros d’économies de coûts réalisées au premier trimestre, portant à 709 millions d’euros les bénéfices du programme depuis son lancement l’année dernière. Les résultats du début de l’année «sont en ligne avec la trajectoire prévue vers les objectifs du plan », assure l’établissement.

« A l’image de Société Générale, BNP parvient à limiter la déception au niveau opérationnel grâce à la faiblesse du coût du risque. Pas sûr que cela soit suffisant ce matin pour soutenir le titre », prophétisait avant l’ouverture Invest Securities.