Zurich (awp) - Le rachat d'UPC Suisse par Sunrise a du plomb dans l'aile. Echaudé par le prix de la transaction et les derniers résultats décevants d'UPC, l'actionnaire principal de Sunrise, l'allemand Freenet, a annoncé qu'il s'opposera au plan prévu, tout en laissant une petite porte ouverte.

"Les conditions actuelles de la transaction sont très déséquilibrées et désavantageuses pour l'ensemble des actionnaires actuels de Sunrise", a annoncé vendredi Freenet dans un communiqué.

Le plan de rachat, annoncé en début d'année, prévoit la reprise d'UPC Suisse - filiale à 100% de Liberty Global - par Sunrise pour 6,3 milliards de francs suisses. Dans le cadre du financement de la transaction, Sunrise a prévu une augmentation de capital de 4,1 milliards, pour laquelle Freenet a manifesté sa vive opposition dès le début.

Aujourd'hui, l'actionnaire allemand écrit clairement qu'il votera non à ce projet lors de l'assemblée générale extraordinaire prévue en principe au second semestre.

Cette opposition n'est pas forcément rédhibitoire, dans la mesure où la majorité simple des actionnaires est requise. Mais Freenet, plus gros actionnaire avec 24,5% des parts, pèse d'un poids d'autant plus considérable que ces assemblées sont toujours loin de réunir l'ensemble des actionnaires.

Interrogé par AWP, le patron de Freenet, Christoph Vilanek, estime que la "structure" de reprise actuellement envisagée va à l'encontre des intérêts des actionnaires. Il laisse néanmoins une porte entrouverte: "Une augmentation de capital de moins d'un milliard de francs suisses serait acceptable pour Freenet", a-t-il dit.

L'actionnaire allemand estime que Sunrise est "excellemment positionné" sur le marché des télécommunications et jouit de magnifiques perspectives en restant autonome.

Avant l'annonce des discussions avancées en vue du rachat, le 27 février, l'action Sunrise valait plus de 80 francs suisses. Elle s'échange ce vendredi à la clôture à 76,25 francs suisses, en hausse de 3,5% dans un indice SPI en progression de 1,26%.

Freenet était entré dans le capital lorsque le titre valait 72,95 francs suisses et reste convaincu que l'action peut remonter autour de 93 francs suisses (son cours de novembre 2018) pour peu que Sunrise ne s'aventure pas avec UPC.

"Epée de Damoclès"

Les récents résultats présentés par UPC Suisse font peser une épée de Damoclès, estime M. Vilanek. Au deuxième trimestre, les recettes de la société ont diminué de 3,6% sur un an à 315,6 millions de francs suisses.

"C'est triste, les chiffres baissent, alors qu'UPC tente depuis des mois, avec des offres de prix agressives, de gagner des clients pour la télévision, internet, le réseau fixe et le mobile. Vu les conditions tendues sur le marché des câblo-opérateurs, la valorisation d'UPC est trop haute. Nous en concluons de voter contre le rachat", a dit M. Vilanek.

Tout ne semble pas définitif pour autant. Pour que la transaction soit équitable, Liberty Global devrait être actionnaire de la nouvelle entité, à hauteur de 20 à 30%. Il s'agirait de mieux répartir les risques. Et Freenet pourrait supporter une augmentation de capital divisée par quatre au moins par rapport au projet.

Freenet estime en outre que Sunrise ne devrait pas reprendre la dette d'UPC, mais que Liberty Global devrait la conserver. D'autant qu'une reprise des obligations par Sunrise ne serait pas sans risque sur le plan fiscal, estime M. Vilanek. "Les actionnaires de Sunrise doivent savoir qu'ils sont délestés de plusieurs centaines de millions de francs suisses, sans contrepartie."

Sunrise ne se laisse apparemment pas ébranler. "Nous avons pris connaissance de la position de Freenet", a fait savoir l'opérateur, qui en dira davantage lors de la présentation de ses résultats semestriels le 22 août.

En attendant, Sunrise se dit persuadé de la logique stratégique qui sous-tend l'opération: un rachat d'UPC Suisse renforcerait le groupe. Les résultats semestriels d'UPC sont en ligne avec le plan de redressement établi par Liberty Global et même légèrement au-dessus des attentes, selon Sunrise.

A noter que la Commission de la concurrence (Comco) doit encore se prononcer sur l'opération, probablement début octobre, après l'examen approfondi annoncé en juin.

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