par Pete Schroeder et Karen Freifeld

WASHINGTON, 27 janvier (Reuters) - L'ex-conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, John Bolton, contredit radicalement la version de Donald Trump dans l'affaire ukrainienne qui vaut au président américain un procès en destitution au Sénat, a rapporté le New York Times dimanche.

Donald Trump lui a bien déclaré en août qu'il comptait conditionner le maintien de l'aide américaine à l'Ukraine à l'ouverture d'une enquête, à Kiev, visant des responsables démocrates, dont l'ancien vice-président Joe Biden, écrit John Bolton dans un manuscrit dont le New York Times dévoile les grandes lignes.

Cette accusation est au fondement même de la procédure d'"impeachment" lancée par les parlementaires démocrates, qui accusent le président américain d'"abus de pouvoir".

L'article du quotidien new-yorkais, qui ne cite pas directement le manuscrit mais de nombreuses personnes relatant le récit de John Bolton, va à l'encontre de la thèse défendue par la Maison blanche : selon la présidence, aucune contrepartie n'a été exigée lorsque Donald Trump a demandé à son homologue ukrainien, Volodimir Zelenski, d'ouvrir une enquête contre Joe Biden et son fils Hunter lors d'un entretien téléphonique, en juillet dernier.

Joe Biden, dont le fils a travaillé pour une entreprise ukrainienne, brigue l'investiture démocrate en vue de la présidentielle américaine de novembre.

Dans un communiqué, l'un des avocats de John Bolton laisse entendre que le compte rendu du New York Times est fidèle à la réalité et précise que le manuscrit a été remis le 30 décembre au Conseil de sécurité nationale comme le veut la procédure lorsque des informations couvertes par le secret sont en jeu.

"Il est clair - et c'est regrettable - depuis la publication de l'article du New York Times aujourd'hui que la procédure de prépublication a été dévoyée et que des informations ont été rendues publiques par des personnes non habilitées à relire le manuscrit", a déclaré l'avocat en question, Charles Cooper.

Les révélations du quotidien donnent un argument de poids aux démocrates, qui veulent pouvoir citer John Bolton comme témoin lors du procès au Sénat. Pour ce faire, ils doivent obtenir l'appui de quatre sénateurs républicains.

L'ex-conseiller à la sécurité nationale, limogé en septembre, a fait savoir qu'il était disposé à témoigner si une convocation devait lui être remise.

"Je n'ai jamais dit à John Bolton que l'aide à l'Ukraine était liée à l'ouverture d'enquête contre des démocrates, les Biden notamment", a répliqué Donald Trump sur Twitter. "Si John Bolton l'a dit, c'est seulement pour vendre son livre."

Le procès, qui s'est ouvert mardi dernier, a peu de chances d'aboutir à la destitution du président américain, protégé par la majorité républicaine au Sénat. (Version française Simon Carraud, édité par Bertrand Boucey)