* Réunion extraordinaire du conseil de surveillance dimanche

* Le titre termine en hausse de près de 10% (Actualisé avec précisions sur la scission et réactions d'actionnaires et de syndicats)

par Christoph Steitz, Tom Käckenhoff et Matthias Inverardi

FRANCFORT, 27 septembre (Reuters) - Thyssenkrupp a annoncé jeudi qu'il allait se scinder en deux entités cotées, l'une concentrée sur les biens d'équipement et l'autre reprenant le reste des actifs du groupe, cédant ainsi aux pressions de ses actionnaires.

Cette scission constitue la plus importante réorganisation du conglomérat allemand depuis le rapprochement entre Thyssen et Krupp il y a 20 ans.

Elle représente aussi une grande victoire pour les fonds activistes Cevian et Elliott. Ces derniers réclament depuis des années des mesures concrètes de simplification de la structure du groupe, dont les activités vont de la construction navale à la conception et à l'entretien de sites industriels en passant par les ascenseurs, afin d'en améliorer les performances opérationnelles.

Le conseil de surveillance doit avaliser ces projets lors d'une réunion extraordinaire dimanche, le 30 septembre, qui marque la fin de l'exercice fiscal en cours.

L'action Thyssenkrupp a accentué ses gains après cette annonce, bondissant de 17% avant de finir sur une hausse de 9,92% à 22,06 euros à la Bourse de Francfort. Elle progressait déjà auparavant, Reuters ayant fait état de ce projet de scission avant son annonce officielle.

L'action du finlandais Kone, considéré comme un partenaire ou acquéreur potentiel des ascenseurs de Thyssenkrupp, l'activité la plus rentable du groupe, a pris pour sa part 2,74%.

"Nous prévoyons la création de deux entreprises indépendantes dotées d'un ADN commun et de profondes racines plongeant dans une histoire conjointe vieille de plus de 200 ans", a dit le président du directoire, Guido Kerkhoff, cité dans un communiqué.

"Ces dernières semaines, différentes options stratégiques ont été publiquement évoquées et souvent avec beaucoup de publicité", a-t-il ajouté. "Nous proposons à présent une solution qui non seulement crée de la valeur pour nos actionnaires mais améliore aussi significativement les perspectives de nos activités."

Cette scission constitue une initiative audacieuse de la part de Guido Kerkhoff, porté en toute hâte en juillet à la tête du conglomérat, alors plongé en pleine crise de gouvernance. Il a assuré que l'équipe de direction actuelle était pleinement capable de mener à bien cette transformation.

Cette réorganisation en profondeur du groupe allemand intervient alors que ses grands concurrents comme Siemens et General Electric s'efforcent eux aussi de simplifier leurs activités.

"Même si la route est encore longue et que des risques d'exécution demeurent, nous pensons qu'il s'agira d'un important catalyseur positif pour (Thyssenkrupp) conduisant à une réévaluation importante de la recommandation le rapprochant de ses pairs dans les biens d'équipement", écrit Seth Rosenfeld, analyste de Jefferies.

Thyssenkrupp a basculé dans la crise en juillet avec les départs coup sur coup du président du directoire et du président du conseil de surveillance, confrontés au mécontentement des investisseurs face aux performances du conglomérat.

LES SYNDICATS SOUTIENNENT LE PROJET

Cevian, deuxième actionnaire du groupe avec une participation de 18% et une présence au conseil de surveillance, a apporté son soutien complet à cette scission.

"Cela va réduire la complexité, promouvoir la liberté et l'agilité entrepreneuriales et renforcer la capacité des activités de Thyssenkrupp à se montrer à la hauteur de leur potentiel", prédit Lars Förberg, cofondateur de Cevian, dans un communiqué.

Thyssenkrupp a exprimé par le passé sa volonté de concentrer ses efforts sur le renforcement de ses activités dans les biens d'équipement, qui comprennent les ascenseurs, les équipements automobiles et l'ingénierie industrielle. Il a levé environ 1,4 milliard d'euros à cette fin l'an dernier.

Ces activités vont être rebaptisées Thyssenkrupp Industrials, dont la majorité du capital va être distribuée aux actionnaires actuels du groupe. Thyssenkrupp Materials, l'autre entité qui sera intégralement contrôlée par les actionnaires actuels, conservera dans un premier temps une participation minoritaire dans Thyssenkrupp Industrials.

La fondation Alfried Krupp von Bohlen und Halbach, premier actionnaire du conglomérat avec une participation de 21%, a dit qu'elle ne s'opposerait pas à une solution préservant la compétitivité et les emplois.

Les puissants représentants syndicaux, qui détiennent la moitié des 20 sièges du conseil de surveillance, ont aussi apporté leur soutien à ce projet. "Cette initiative empêche un démantèlement de Thyssenkrupp. Il n'y aura pas de vente d'activité", a souligné Markus Grolms, représentant du syndicat IG Metall et président par intérim du conseil de surveillance.

(Bertrand Boucey pour le service français, édité par Catherine Mallebay-Vacqueur)

Valeurs citées dans l'article : General Electric Company, Kone Oyj, Siemens, thyssenKrupp