Victime de nombreux facteurs de pression, le Loonie dévisse sérieusement depuis début février, atteignant son niveau le plus faible depuis juin 2017, au terme de sa pire semaine en plus d'un an face au billet vert.

Le Dollar canadien souffre avant tout de la posture protectionniste du président américain, les Etats-Unis représentant le principal client d'Ottawa. Même si Trump a signalé que les taxes sur l'acier et l'aluminium, récemment annoncées, ne concerneraient pas son fidèle partenaire, les négociations autour des conditions du traité ALENA semblent atteindre un point de friction après que le pensionnaire de la Maison-Blanche a tweeté que la première puissance mondiale avait un déficit commercial vis-à-vis du Canada. Pas sûr que l'optimisme de Justin Trudeau, Premier ministre, résiste encore longtemps à la redondance des provocations du milliardaire alors que la menace d'une potentielle résiliation de l'accord de libre-échange pèse indéniablement sur les cours du CAD.

En prévision d’une altération des relations diplomatiques avec Washington, la Banque du Canada (BoC) a déjà levé le pied. Ainsi l’institution a opté pour un statu quo ce mois-ci, prenant par ailleurs acte d’une croissance plus lente que prévu pour le pays au quatrième trimestre 2017.

Stephen Poloz, gouverneur de la BoC, a même davantage tempéré les attentes autour d'une nouvelle hausse de taux à court terme en évoquant dernièrement le potentiel inexploité de l'économie canadienne. Bien que l'institution ait procédé à trois tours de vis depuis l'été dernier, les projections sont clairement revues en baisse par les cambistes.

Enfin les données encore plus récentes publiées sur le secteur manufacturier montrent une chute des ventes de 1.1% en janvier, confirmant un ralentissement de l'activité et les difficultés des exportateurs depuis début 2018, même si ces derniers pourraient finir par bénéficier de la baisse du Dollar canadien.

Graphiquement, le billet vert accélère sa progression face au CAD qui se déprécie de façon prononcée face à l'ensemble des devises majeures du marché. Tandis que les traders les plus ambitieux recherchent un point de retournement depuis déjà plusieurs semaines, 80% des investisseurs particuliers sont désormais vendeurs sur la paire. Une tentation évidente mais peu rentable à ce stade alors qu’un ralliement de 1.3191 puis 1.3272 CAD nous apparait nettement plus crédible dans pareil contexte à la fois fondamental, comportemental et technique.