* Vodafone confirme la tenue de discussions sur sa coentreprise US

* Le montant de $130 mds est évoqué pour la vente de ses 45% à Verizon

* Verizon chercherait des financements de $60 mds auprès de ses banques

* L'action Vodafone bondit de 8,16% à Londres, Verizon en hausse aussi (Avec précisions, cours de Bourse, contexte, commentaires d'analystes)

par Kate Holton et Sinead Carew

LONDRES, 29 août (Reuters) - Vodafone Group a annoncé jeudi être en discussions avec Verizon Communications en vue d'une vente de sa participation de 45% dans leur filiale mobile commune aux Etats-Unis, Verizon Wireless, une opération dont le montant pourrait atteindre 130 milliards de dollars (97,5 milliards d'euros).

Ce montant en ferait la troisième plus importante opération de fusion-acquisition de tous les temps après le rachat de Mannesmann par Vodafone pour 203 milliards de dollars en 1999 et celui de Time Warner par AOL pour 181 milliards l'année suivante.

Depuis des années, Verizon, le premier opérateur de téléphonie mobile aux Etats-Unis, ne faisait pas mystère de sa volonté de contrôler à 100% son réseau Verizon Wireless mais les deux groupes ne s'entendaient pas sur sa valorisation.

Selon une source au fait des discussions, Verizon et Vodafone ont repris langue il y a quelques semaines et discuteraient d'une transaction à environ 130 milliards de dollars. L'annonce pourrait intervenir dès la semaine prochaine, a ajouté cette source tandis qu'une autre, plus précise, a évoqué la date du 2 septembre, déjà citée mercredi soir par l'agence Bloomberg.

Une troisième personne au fait du dossier a souligné que des progrès avaient été réalisés mais qu'il restaient des points à régler concernant la fiscalité, le prix et la structure de la transaction.

Si les conditions restent en l'état, le financement ne sera pas un problème pour Verizon, a-t-elle ajouté.

Selon Bloomberg, Verizon négocie avec plusieurs banques en vue de lever 10 milliards de dollars auprès de chacune d'elles pour financer l'opération à hauteur de 60 milliards.

Reuters avait rapporté en avril que Verizon envisageait une offre à 100 milliards de dollars, un montant jugé trop bas par les analystes et investisseurs qui chiffraient plutôt à 120 milliards de dollars la part de Vodafone.

LA BOURSE APPLAUDIT

La confirmation par Vodafone de la tenue de négociations a propulsé le titre à un plus haut de 12 ans de 207 pence à la Bourse de Londres et il a clôturé à 205,78p, en hausse de 8,16%, sur le sentiment qu'un accord est enfin en vue. A New York, Verizon progressait de 2,6% à 47,77 dollars à une heure de la clôture, les analystes étant là aussi positifs sur l'opération malgré le prix que pourrait avoir à payer l'opérateur américain.

Le contrôle à 100% de Verizon Wireless permettrait à Verizon d'augmenter son bénéfice par action de 13% dès 2014, estime ainsi Adam Ilkowitz, analyste de Nomura, dans une note.

"Dans la mesure où Verizon détiendrait 100% de ce qui est probablement le meilleur actif dans le secteur de la téléphonie mobile aux Etats-Unis, le marché devrait bien réagir à cette opération même avec ce multiple incroyable", écrit-il.

Doug Colandrea, chez RBC Capital Markets, juge que Verizon pourrait rembourser "très rapidement" les dettes contractées pour l'opération compte tenu du free cash flow de Verizon Wireless, qui a atteint 28,6 milliards de dollars en 2012.

Verizon et Vodafone ont aussi des participations croisées dans l'opérateur italien Vodafone Italy et Verizon pourrait éventuellement céder ses 23% à son partenaire britannique dans le cadre de la transaction globale, ont dit des sources à Bloomberg.

REDISTRIBUTION AUX ACTIONNAIRES ?

Le désengagement de Verizon Wireless laisserait Vodafone, le deuxième opérateur mondial de téléphonie mobile, avec des actifs en Europe et dans certains marchés émergents comme l'Inde, la Turquie ou l'Afrique.

Autrefois "pure player" dans la téléphonie mobile, le géant britannique est en train de se changer de stratégie pour proposer désormais des offres combinées avec la télévision et le haut débit. A cette fin, il vient de racheter le câblo-opérateur allemand Kabel Deutschland pour 7,7 milliards d'euros.

Vodafone a en outre pour stratégie de contrôler ses actifs à 100%. En tant que partenaire minoritaire dans Verizon Wireless, il n'a aucun contrôle notamment sur la politique de dividende, qui fut longtemps un point de friction entre les deux groupes.

Pour autant, Vodafone a toujours affirmé qu'il prendrait tout le temps nécessaire pour négocier un bon accord.

Le mois dernier encore, le président du groupe, Gerard Kleisterlee, a déclaré qu'il étudierait sérieusement toute proposition de rachat de ses parts dans Verizon Wireless si elle représentait pour ses actionnaires une valeur supérieure à celle offerte par la statu quo.

Des analystes et des investisseurs avaient auparavant estimé que l'un des points délicats de l'opération concernait le montage fiscal, afin de limiter les impôts à payer par Vodafone pour ne pas amputer la part du prix de vente susceptible d'être redistribuée aux actionnaires.

"On parle d'une charge fiscale de 10 milliards de dollars, ce qui serait selon moi un bon résultat pour les actionnaires de Vodafone", a déclaré à Reuters l'un des dix principaux actionnaires du groupe.

Selon les données de Thomson Reuters, Vodafone a un endettement de 30,6 milliards de dollars mais pour autant les actionnaires s'attendent à ce qu'il leur redistribue une grande partie du produit de la vente éventuelle de ses 45% dans Verizon Wireless, plutôt que d'affecter ces sommes à des acquisitions ou à la réduction de sa dette. (Marc Angrand et Véronique Tison pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Vodafone Group plc, Verizon Communications Inc.