Johannesburg (awp/afp) - Le géant public de l'électricité sud-africain Eskom, en difficulté, a annoncé mardi une perte nette record de 20,7 milliards de rands (1,30 milliard d'euros) pour l'exercice clos en mars, soit dix fois plus que l'exercice précédent.

L'opérateur public avait subi l'an dernier une perte de 2,3 milliards de rands.

Eskom, qui fournit 90% de l'électricité produite dans le pays, croule sous une dette abyssale de 27 milliards d'euros, en dépit de plusieurs plans de sauvetage de la part du gouvernement pour que le groupe reste solvable.

Ses graves difficultés financières sont la conséquence d'années de mauvaise gestion et de détournement de fonds sous la présidence de Jacob Zuma (2009-2018) et font courir des risques à l'économie du pays.

Le gouvernement a annoncé il y a une semaine une rallonge de près de 4 milliards d'euros afin de venir en aide au géant public de l'électricité, cinq mois après un premier plan de sauvetage substantiel. Un premier plan d'aide avait été décidé en février d'un montant total de 4,3 milliards d'euros sur trois ans, soit 1,43 milliard d'euros par an.

"Aujourd'hui, Eskom a publié des résultats annuels, qui, tout en étant attendus, sont décevants", a déclaré le président et directeur général par intérim d'Eskom Jabu Mabuza au siège de la compagnie à Johannesburg.

Mabuza a été désigné lundi PDG par intérim jusqu'en octobre après la démission surprise de Phakamani Hadebe en mai, qu'il a expliquée par les "exigences inimaginables" que requiert cette fonction.

Hadebe est le 10e PDG d'Eskom à quitter ses fonctions en dix ans.

Le dernier plan de sauvetage d'Eskom a valu au gouvernement les critiques des agences de notation qui mettent en garde contre la détérioration du déficit public de l'Afrique du Sud.

L'agence Moody's a placé la note de crédit du pays sous "surveillance négative", estimant que le gouvernement devrait faire beaucoup d'efforts pour amortir les coûts de ces plans.

Depuis février, Eskom rationne l'électricité à travers tout le pays, plongeant dans le noir, pendant plusieurs heures et à tour de rôle, des bureaux, des usines ou des habitations. Ces mesures suscitent la colère de la population à l'encontre du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC).

Le président sud-africain, réélu en mai, Cyril Ramaphosa, avait promis en juin de débloquer rapidement une "part significative" des milliards nécessaires à la survie d'Eskom, une entreprise "trop importante pour la laisser faire faillite".

afp/rp