Dans une note, Aviva Investors analyse le redressement de la Chine post-Covid-19 et ses conséquences pour les marchés émergents. Le gérant souligne qu'alors que la Chine sort progressivement de sa période de confinement, les investisseurs exposés aux actions et à la dette des marchés émergents essaient d’évaluer l’impact de la pandémie de coronavirus sur son économie, mais aussi sur les autres segments des marchés émergents.

La Chine sort tout juste de sa quarantaine mais les autres pays imposent toujours des mesures de confinement très strictes pour limiter la propagation du virus.

La stratégie que le pays va désormais utiliser pour gérer cette crise devrait intéresser les responsables politiques et les professionnels de santé des autres pays, qui s'inquiètent du risque de nouvelles infections en raison de l'assouplissement des mesures de confinement et des personnes qui commencent à sortir de chez elles.

Les investisseurs eux aussi surveillent attentivement la situation en Chine. La vitesse de sa reprise économique aura en effet des conséquences importantes sur le reste du monde, en particulier sur les autres marchés émergents.

Depuis le début 2020, les actions chinoises sont moins volatiles que les actions mondiales. " Alors que le pays a été l'épicentre de l'épidémie, les actions chinoises ont fait preuve d'une belle résistance ", explique Alistair Way, responsable des actions des marchés émergents chez Aviva Investors. 

Et de poursuivre : "à l'image de certains secteurs traditionnellement défensifs comme la consommation non-cyclique, la pharmacie et les services aux collectivités, la technologie et l'Internet ont relativement bien résisté.

Les emprunts d'État chinois ont été recherchés par certains investisseurs obligataires en raison de la stabilité du renminbi et de l'anticipation d'une politique d'assouplissement monétaire " lente mais régulière " de la Banque populaire de Chine pour contribuer à la reprise.

Selon les données provisoires, l'activité manufacturière a commencé à se redresser en Chine. L'indice des directeurs d'achats (PMI) du secteur manufacturier publié le 31 mars a témoigné d'une embellie inattendue en repassant au-dessus du seuil de 50, limite entre contraction et expansion, au cours du mois, après une chute record en février. Toutefois, les indices PMI ne reflètent qu'une trajectoire et non une mesure absolue, et plusieurs rapports crédibles tendent à indiquer que certains responsables de Provinces ont obligé les entreprises à enjoliver leurs statistiques pour donner l'impression d'une reprise plus soutenue.

À mesure que la population sort de son confinement, la consommation chinoise semble également rebondir, à un rythme toutefois assez lent.

Au-delà de la Chine, les répercussions potentielles de la pandémie sur l'économie ont fait paniquer les investisseurs exposés aux autres marchés émergents. Selon les données de HAVER et de l'IIF, les investisseurs étrangers ont retiré 83 milliards de dollars des marchés obligataires et actions des pays émergents entre le 21 janvier et le 23 mars.

Cette fuite de capitaux est due à la vigueur relative du dollar mais aussi aux craintes concernant l'impact de la crise et de l'effondrement de la demande en exportations en découlant, sur les économies émergentes. La décision de l'Arabie saoudite d'accroître sa production de pétrole a fait chuter le prix du brut après l'échec des négociations avec la Russie le 6 mars dernier, ce qui a aggravé l'impact de la baisse de la demande liée au coronavirus sur les producteurs de pétrole.

Les banques centrales ont réagi de manière rapide et nombre d'entre elles ont abaissé leurs taux d'intérêt malgré la dépréciation de leurs devises. Cette démarche est inhabituelle dans la mesure où historiquement, en cas de tensions financières, les banques centrales des pays émergents mettent en place des politiques pro-cycliques pour stabiliser leurs devises.

Les conséquences économiques seront très variables. Les économies d'Asie du Nord, ainsi que l'Inde, devraient bénéficier de la baisse des prix des produits énergétiques, alors que les exportateurs de matières premières latino-américains semblent plus exposés. Le Mexique, par exemple, pourrait être fragilisé par le faible niveau des matières premières et le Brésil serait particulièrement vulnérable, non seulement parce que son gouvernement a complètement loupé sa réponse à la pandémie, mais aussi en raison de ses liens commerciaux accrus avec la Chine.

En ce qui concerne l'impact sur les entreprises des pays émergents, les investisseurs devront faire preuve de prudence, estime Alistair Way, au fur et à mesure que l'impact du COVID-19 sur les bénéfices va se faire sentir. Les entreprises dont les bilans sont fragilisés auront du mal à survivre sur une longue période à la baisse de la demande pour leurs produits ou services. Certaines pourraient être contraintes par les autorités politiques de consacrer leurs ressources à des initiatives gouvernementales pour lutter contre la pandémie.

Pour l'instant, cependant, la lutte contre la pandémie reste la priorité. Tant qu'un remède contre le virus n'aura pas été trouvé, les perspectives des marchés émergents et du reste du monde demeurent incertaines. La Chine est au centre de cette histoire : sa capacité ou son incapacité à lutter contre une éventuelle nouvelle épidémie tout en maintenant sa production économique aura des répercussions bien au-delà de ses frontières."