BRUXELLES, 8 mars (Reuters) - La Commission européenne a fait part vendredi de sa préoccupation face au vote qui doit intervenir la semaine prochaine en Hongrie sur des amendements constitutionnels, estimant que ceux-ci allaient à l'encontre des règles de l'Union européenne dans des domaines comme la justice.

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a rappelé au Premier ministre hongrois Viktor Orban, vendredi après-midi lors d'une conversation téléphonique, que le gouvernement et le parlement de Budapest devaient agir "en conformité avec les principes démocratiques de l'UE".

"Nous allons maintenant poursuivre les consultations bilatérales pour évoquer ces questions", a déclaré une porte-parole de la Commission européenne, Pia Ahrenkilde Hansen.

Cette semaine, le Conseil de l'Europe a exhorté Budapest à reporter le vote sur les amendements constitutionnels, qui pourraient limiter les pouvoirs de la cour suprême, estimant que l'équilibre des pouvoirs en Hongrie était en danger.

Le département d'Etat américain a lui aussi estimé, vendredi, que les projets d'amendements étaient de nature à menacer "les principes de l'indépendance institutionnelle" et devaient être revus et corrigés.

Le Fidesz, le parti de Viktor Orban, a jugé ces critiques injustifiées et assuré qu'il respectait ses obligations envers le Conseil de l'Europe et envers l'Union européenne. Mais Barroso a déclaré vendredi partager les positions du Conseil de l'Europe.

Des diplomates à Bruxelles et à Washington ont fait part de leur inquiétude face aux efforts de Viktor Orban pour accroître l'emprise du Fidesz au sein de l'appareil judiciaire, dans les médias et d'autres institutions, efforts qui, selon les détracteurs du gouvernement hongrois, affaiblissent l'Etat de droit à Budapest.

Les projets d'amendements ont aussi été critiqués par des organisations de défense des droits de l'homme comme le Comité Helsinki hongrois, selon lequel il s'agit de "représailles" du parti Fidesz après l'invalidation de plusieurs lois par la Cour constitutionnelle ces derniers mois. (Justyna Pawlak; Eric Faye pour le service français)