NAYPYITAW, 19 septembre (Reuters) - La dirigeante birmane Aung San Suu Kyi est sortie du silence sur l'exode des Rohyngyas, minorité musulmane persécutée de l'ouest de la Birmanie, pour condamner mardi "toutes les violations des droits de l'homme" et promettre que les auteurs d'exactions dans l'Etat Rakhine seraient traduits en justice.

Dans sa première allocution publique depuis qu'une attaque de rebelles rohyngyas a entraîné fin août une contre-offensive militaire qui a poussé plus de 400.000 musulmans à fuir le pays, la lauréate du prix Nobel de la paix a assuré ne pas craindre le regard de la communauté internationale, même si elle a renoncé à se rendre à l'Assemblée générale de l'Onu.

Le mutisme d'Aung San Suu Kyi, égérie du mouvement pro-démocratie birman arrivée au pouvoir l'an dernier après un long séjour en résidence surveillée et des décennies de junte militaire, a fait l'objet de vives critiques face à ce que certains dirigeants de pays musulmans ont qualifié de "génocide" et l'Onu de "nettoyage ethnique".

Les Rohingyas, auxquels le gouvernement birman nie toute citoyenneté, disent avoir été contraints à fuir l'Etat Rakhine (Arakan) où ils vivent depuis des siècles par la campagne de répression lancée par l'armée birmane après l'attaque de commissariats et bases militaires par un mouvement rebelle sécessionniste d'inspiration islamiste.

Dans son discours, Aung San Suu Kyi a dit vouloir établir les causes de l'exode des Rohingyas tout en promettant que des mesures seraient prises contre "tous ceux qui ont violé la loi et violé les droits de l'homme".

"Le Myanmar (Birmanie, NDLR) veut mettre fin aux souffrances de toutes les populations aussi vite que possible", a-t-elle assuré. "Nous sommes désolés des souffrances endurées par les civils pris au piège du conflit."

Expliquant souhaiter une "solution durable" à ce conflit, Aung San Suu Kyi s'est dite prête à entamer un processus de vérification de l'identité des personnes qui ont trouvé refuge au Bangladesh pour permettre à celles qui le souhaitent de rentrer en Birmanie.

(Antoni Slodkowski; Tangi Salaün pour le service français)