Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt des pays du sud de l'Europe se sont détendus vendredi, les obligations de ces pays étant recherchées par des investisseurs rassurés quant à la poursuite de la politique accommodante de la BCE.

"Ceci est principalement dû à la réunion de la BCE" jeudi, explique à l'AFP Eliezer Ben Zimra, gérant allocation d'actifs et dettes souveraines pour Edmond de Rothschild.

En effet, "celle-ci a abaissé les anticipations d'inflation à horizon 2019, tout en augmentant un peu les anticipations de croissance en zone euro", poursuit l'analyste.

Par conséquent, "le marché se dit que la BCE va rester ultra accommodante au-delà de décembre 2017, date à laquelle le +Quantitative easing+ (programme de rachats d'actifs, NDLR) devait s'arrêter", commente-t-il.

Pour le gérant, "les plus grands bénéficiaires de cela sont les pays qui ont le plus gros poids en termes de dettes, principalement l'Italie", ce qui expliquait la forte détente de leurs taux d'intérêts.

A l'inverse de la réunion de politique monétaire de la BCE, les élections législatives britanniques, autre rendez-vous majeur de la semaine, ont peu pesé sur le marché obligataire.

RISQUE POLITIQUE

A l'issue du scrutin, la Première ministre britannique Theresa May a annoncé vendredi la formation d'un nouveau gouvernement qui "mènera à bien le Brexit", bien que son parti conservateur ait perdu la majorité absolue lors des législatives.

"Il est fort probable que la Banque d'Angleterre ne remonte pas ses taux d'intérêt dans ces conditions. La croissance se faisant moins robuste au Royaume-Uni, on devrait avoir des taux qui devraient rester bas", estime M. Ben Zimra.

Laissant derrière eux cette semaine riche en actualité, les investisseurs vont se tourner ces prochains jours vers les États-Unis, où la Réserve fédérale devrait, selon un large consensus d'analystes, relever ses taux lors de sa réunion de politique monétaire, mardi et mercredi.

Pourtant, "ce qui inquiète les opérateurs financiers aux États-Unis n'est pas un risque Fed, mais un risque politique, avec une possible procédure de destitution du président américain Donald Trump", nuance M. Ben Zimra, au lendemain de l'audition au Sénat de l'ex-patron du FBI James Comey, dans l'enquête sur les ingérences russes dans l'élection présidentielle.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a fini quasiment stable à 0,264% contre 0,256% jeudi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le rendement de même maturité de la France a aussi terminé quasiment inchangé à 0,647% contre 0,646%.

Celui de l'Espagne a pour sa part reflué à 1,444% contre 1,476%, tout comme celui de l'Italie à 2,087% contre 2,178%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique à dix ans a clôturé en baisse à 1,005% contre 1,033%.

A la fermeture des marchés européens, aux États-Unis, le taux à dix ans montait à 2,215% contre 2,188%. Celui à trente ans évoluait à 2,869% contre 2,851%, tandis que le taux à deux ans s'établissait à 1,339% contre 1,314%.

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