Paris (awp/afp) - La dette espagnole s'est détendue jeudi sur le marché obligataire européen, les investisseurs semblant mettre entre parenthèses leurs inquiétudes quant à la crise politique qui oppose les indépendantistes catalans au pouvoir central de Madrid.

"Il y a une petite détente après l'énervement du début de semaine", analyse auprès de l'AFP Axel Botte, un stratégiste obligataire de Natixis AM.

"Hier soir, il n'y a pas eu de déclaration d'indépendance de la Catalogne", lors du discours du président indépendantiste catalan Carles Puigdemont, mais "l'histoire n'est pas finie", observe M. Botte.

La justice espagnole a suspendu jeudi la séance parlementaire prévue pour lundi au Parlement catalan sur les résultats du référendum d'autodétermination interdit, au cours de laquelle une déclaration d'indépendance était envisagée.

Un autre élément venait expliquer cette détente, qui, bien que plus prononcée sur la dette espagnole, concernait aussi la majorité des autres taux d'emprunts de la zone euro.

La Banque centrale européenne (BCE) a en effet publié le compte-rendu de sa dernière réunion, durant laquelle elle a évoqué plusieurs scénarios de "recalibrage" de son programme de soutien à l'économie, privilégiant un arbitrage entre "le rythme et la durée prévue" des achats dans le temps.

"Les +minutes+ de la réunion de la BCE confirment l'idée que la BCE sortira très progressivement du +Quantitative easing+ (programme de rachat d'actifs, NDLR)", commente M. Botte.

Ses membres "ont une peur panique d'engendrer de la volatilité. Ils veulent une sortie du +QE+ mais ils vont le faire de la façon la plus indolore possible", souligne le spécialiste.

Si ce compte-rendu bénéficiait à l'ensemble du marché obligataire, "tout signal favorable à une détente de la volatilité est favorable aux dettes qui ont le plus souffert ces derniers temps", résume M. Botte.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Espagne a reculé à 1,699% contre 1,784% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise. La veille, il avait atteint son plus haut niveau en clôture depuis le 21 mars.

Celui de l'Italie s'est aussi détendu à 2,150% contre 2,195%.

Celui de l'Allemagne a fini quasiment inchangé à 0,456% contre 0,453%, celui de la France se détendant un tout petit peu à 0,735% contre à 0,747%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique a un peu progressé à 1,387% contre 1,378%.

A la fermeture des marchés européens, aux États-Unis, le taux d'emprunt à dix ans s'appréciait légèrement à 2,353% contre 2,323% mercredi, à l'instar de celui à trente ans à 2,896% contre 2,865%, tandis que le taux à deux ans s'établissait à 1,495% contre 1,471%.

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