A ce nouveau front ouvert sur le dossier commercial s'ajoutent des inquiétudes plus générales sur la croissance mondiale, notamment après l'annonce d'une contraction de l'activité manufacturière en Chine en mai.

Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en repli de 1,1% pour le Dow Jones ainsi que le S&P 500 et en recul de 1,4% pour le Nasdaq.

À Paris, le CAC 40 lâche 1,39% à 5.176,02 points vers 11h30 GMT, au plus bas depuis le 20 février. À Francfort, le Dax abandonne 1,7% et à Londres, le FTSE recule de 0,98%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 cède 1,27%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro 1,5% et le Stoxx 600 1,23%.

Le président américain a annoncé jeudi que les Etats-Unis prélèveraient à partir du 10 juin des droits de douane de 5% sur tous les produits importés du Mexique et que ces taxes, progressivement relevées, seraient en vigueur tant que les flux de migrants clandestins traversant le Mexique ne seraient pas stoppés.

"Cette annonce surprise, qui intervient dans le sillage du tout récent nouvel accord USMCA sur le commerce, était complètement inattendue et pourrait bien remettre en cause tout l'accord", relève Michael Hewson, chez CMC Markets.

"Il est également beaucoup plus difficile pour les pays de croire les États-Unis sur parole lorsqu'il s'agit de négociations commerciales si leur président peut si facilement lancer une grenade sur la voie d'un accord déjà conclu", ajoute-t-il.

LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

Les actions du secteur automobile pourraient souffrir après la décision de Donald Trump de taxer les importations mexicaines, qui a fait reculer les constructeurs et les équipementiers au Japon et en Europe.

Les géants de la technologie (FAANG) pourraient aussi réagir à l'aggravation des tensions commerciales internationales.

VALEURS EN EUROPE

Le nouveau coup d'éclat de Donald Trump frappe en premier lieu le secteur de l'automobile, parce que de nombreux constructeurs se servent du Mexique comme base pour exporter vers les Etats-Unis mais aussi parce que les constructeurs européens ne peuvent que craindre d'être les suivants sur la liste.

L'indice Stoxx de l'automobile perd 3,02%, au plus bas depuis le 8 janvier. Renault cède 4,93%, Valeo lâche 3,47%, Faurecia perd 5,13% et Volkswagen abandonne 3,98%.

L'indice Stoxx des ressources de base, très sensible lui aussi à la thématique commerciale, perd 2,34%.

Les banques espagnoles, comme Santander (-1,97%), Sabadell (-2,05%) et BBVA (-3,78%) souffrent également en raison de leur exposition au marché mexicain.

A Paris, Natixis recule de 7,35% alors que le titre se négocie ex-dividende et qu'il fait l'objet d'un abaissement de l'objectif de cours de Jefferies, qui s'inquiète de l'exposition de la banque à l'économie américaine.

Lanterne rouge du Stoxx 600, Wirecard chute de 9,75% après la publication d'informations de presse selon lesquelles le spécialiste allemand des paiements électroniques figure parmi les sociétés visées par une enquête sur des soupçons de transactions frauduleuses.

TAUX

Le regain d'aversion au risque provoque une nouvelle chute des rendements obligataires de référence, celui du Bund allemand à dix ans ayant même touché un plus bas record à -0,213%.

Le taux de référence de la zone euro a enfoncé le précédent plus bas de -0,204%, inscrit en juillet 2016 après la décision de la Grande-Bretagne de quitter l'Union européenne.

De son côté, le rendement des Treasuries à dix ans a cédé jusqu'à plus de sept points de base pour passer brièvement sous 2,15%, avant de revenir vers 2,17%.

Le mouvement est général puisque le rendement des emprunts d'Etat grecs à 10 ans est passé pour la première fois sous 3% (-7 points de base à 2,982%).

De leur côté, les rendements des emprunts d'Etat italiens continuent d'évoluer à contre-courant, traduisant une défiance des investisseurs en raison des tensions renouvelées entre Bruxelles et Rome sur les finances italiennes.

Le taux du dix ans italien avance de plus de quatre points de base, à 2,688%, au plus haut depuis deux semaines.

CHANGES

Le yen joue à plein son rôle de valeur refuge et prend 0,8% face au dollar, au plus haut depuis début février.

Malgré tout, le dollar reste pratiquement stable face à un panier de devises de référence alors que le peso mexicain chute de plus de 3% face au billet vert pour tomber à un plus bas depuis la fin décembre. Il s'agit de son plus fort repli en une séance depuis octobre dernier.

L'euro est en légère hausse face au dollar à 1,1142.

PÉTROLE

La chute se poursuit sur les cours du pétrole, qui perdent encore plus de 2% après un recul de près de 4% la veille, ce qui les conduit vers leur plus forte baisse mensuelle en six mois.

Le contrat à terme sur le baril de Brent retombe à moins de 65 dollars et celui du brut léger américain (WTI) revient à 55,42 dollars, des plus bas depuis le 8 mars.

(Édité par Marc Angrand)

par Blandine Henault