Rio de Janeiro (awp/afp) - La banque centrale du Brésil devrait maintenir mercredi son taux directeur au plancher historique de 2%, selon les analystes, malgré la reprise récente de l'inflation, afin de tenter de relancer une économie plombée par la crise du coronavirus.

Les prix à la consommation ont augmenté de 0,89% en novembre par rapport à octobre, la plus forte hausse pour ce mois de l'année depuis 2015.

En mars et en avril, premiers mois de la pandémie au Brésil, l'inflation avait été négative, mais elle s'est accélérée à nouveau ces trois derniers mois, le prix des aliments étant dopé par l'augmentation de la demande, pour le marché intérieur comme pour les exportations.

L'impact a été sensible sur le porte-monnaie des Brésiliens, avec notamment la viande (+6,54%) et le riz (+6,28%), qui ont fortement augmenté en novembre.

Les spécialistes consultés dans le cadre de l'enquête hebdomadaire Focus de la Banque centrale tablent sur une inflation de 4,21% pour l'année 2020, contre 3,2% il y a un mois.

C'est la première fois de l'année que ces prévisions sont au-dessus de l'objectif de 4% fixé par le gouvernement, mais elles demeurent dans la marge de tolérance de 1,5 point.

Le PIB du Brésil a connu un net rebond de 7,7% au troisième trimestre, après une entrée en récession entraînée par un recul de 1,5% au premier trimestre et de 9,6% au deuxième.

Le gouvernement prévoit un recul du PIB de 4,5% en 2020 pour la première économie d'Amérique latine, avec une croissance de 3,2% en 2021.

La consommation des ménages a été relancée grâce aux "aides d'urgence", allocations versées aux Brésiliens les plus pauvres, touchés de plein fouet par la crise du coronavirus.

Plus de 67 millions de personnes, près d'un tiers de la population, bénéficient de cette aide depuis avril, mais les versements, qui ont déjà été réduits de moitié en septembre, doivent cesser à la fin de l'année.

Le coût de ces allocations est très élevé: 8,6% du PIB, alors que la dette publique représentait déjà 90,7% du PIB en octobre, contre 75,8% en décembre 2019.

Le gouvernement du président d'extrême droite Jair Bolsonaro doit résoudre une équation compliquée: comment continuer d'aider les plus pauvres à survivre pendant la crise sans alarmer les marchés, qui s'inquiètent de cette hausse de la dette et du retard des réformes d'austérité promises à son arrivée au pouvoir en 2019?

Pour Margarida Gutierrez, économiste de l'Institut Coppead de l'Université Fédérale de Rio de Janeiro (UFRJ), il serait "inhumain" de se serrer la ceinture sur le court terme.

Mais le Congrès pourrait tout de même approuver certaines réformes "pour montrer aux investisseurs que, même si les dépenses augmentent, des efforts sont faits pour les réduire à moyen terme".

afp/rp