"Nous nous attendons à ce que le conflit ait un léger effet stagflationniste sur l’économie mondiale, avec peu d’impact sur les marchés financiers" . Allianz Trade se montre rassurant dans son étude sur les "Impacts économiques du conflit Israël – Hamas ". "Nous avons réduit notre prévision de croissance du PIB mondial en 2024 de 0,1 point à +2,3 % et révisé à la hausse notre prévision d'inflation de 0,1 point à 4,4 %", mais "nous ne prévoyons aucun changement par rapport au scénario d’avant-conflit en termes de mix politique", est-il précisé.

Il devrait y avoir consolidation fiscale modérée sans aucune réduction des taux d'intérêt avant le deuxième semestre 2024.

Toutefois, le risque de troubles financiers au Moyen-Orient reste élevé, ajoutent les auteurs de l'étude. Les credit default swaps (CDS) d'Israël ont considérablement augmenté depuis l'attaque du Hamas et le shekel a perdu plus de 5 % contre le dollar avant que la Banque d'Israël n'intervienne. L'Egypte, déjà aux prises avec des conditions économiques difficiles avant les attaques du Hamas " va probablement dévaluer la monnaie encore une fois dans les mois à venir " et ses CDS " se situent à des niveaux extrêmement élevés ".

Allianz Trade émet l'hypothèse d'une escalade du conflit qui pourrait inciter les pays de l'Opep+ à décider une réduction drastique de la production pétrolière : une réduction de 10 millions de barils supplémentaires (soit environ 10 % de la demande mondiale), " aurait un impact majeur sur les prix dans une année marquée par des élections dans de nombreux pays ". Une telle escalade " pourrait déclencher le retour de l'inflation en raison de la hausse des prix de l'énergie et des transports ".

Dans un scénario noir qui verrait Israël attaquer les infrastructures pétrolières iraniennes, perturbant le commerce dans le détroit d'Ormuz, les prix du pétrole pourraient atteindre 120 dollars le baril.

Dans cette hypothèse, l'économie mondiale entrerait en récession technique (+1,7% en 2024) et les marchés financiers mondiaux seraient gravement touchés. La hausse des prix du pétrole pousserait l'inflation mondiale à 5,2 % en 2024, mettant un terme à la tendance désinflationniste précédemment anticipée. Cela placerait l'Occident les banques centrales dans l'incapacité de réduire leurs taux en 2024 comme prévu: les rendements des obligations d'État à long terme resteraient autour de 4,5 % aux États-Unis et de 3 % en Allemagne tout au long de 2024. Les indices boursiers seraient alors susceptibles de chuter de 7 % aux États-Unis et de 9 % dans la zone euro, parallèlement à un élargissement des spreads de crédit.