PARIS, 17 janvier (Reuters) - Une majorité de Français sont
favorables à la mise en place d'un "passeport vaccinal" qui
permettrait aux personnes immunisées contre le coronavirus
d'accéder à certains lieux ou activités, montre un sondage
publié dimanche, le gouvernement jugeant de son côté ce débat
"prématuré".
Six Français sur dix se disent favorables à la vaccination
obligatoire pour prendre un avion à destination de l'étranger ou
rendre visite à une personne vulnérable dans un Ehpad ou un
hôpital, selon le sondage Ifop réalisé pour Le Parisien
Dimanche.
Le taux d'acceptation est plus faible pour l'accès aux
transports en commun (52%), de même qu'aux collèges et lycées ou
encore aux espaces de loisirs comme les cinémas et les théâtres
(50%). Les Français ne sont que 45% à s'y dire favorables pour
les commerces.
Interrogé dimanche matin sur Franceinfo, le secrétaire
d'Etat chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, a jugé
"prématuré" d'envisager une telle mesure, alors que seule une
petite minorité de Français ont pu être vaccinés jusqu'à
présent.
"Il s'agit d'un débat très prématuré. Avoir aujourd'hui un
passeport qui octroierait plus de droits à certains qu'à
d'autres, ce serait choquant, ce n'est pas notre conception de
la protection et de l'accès au vaccin", a déclaré le ministre.
VISER 100% DE VACCINATION ?
L'épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du Conseil
scientifique, a souligné dimanche que l'ensemble des personnes à
risques ne pourraient pas être vaccinées avant le printemps, et
que ce n'est que par la suite que la vaccination pourrait être
élargie.
"C'est très difficile de prédire combien de doses seront
disponibles dans les prochains mois", a déclaré le professeur de
l'Institut Pasteur, invité du Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI, en
évoquant un objectif de 12 millions de vaccinations d'ici au
mois d'avril.
"On a une demande mondiale tellement forte que dès que ça
coincera quelque part, les retombées en aval seront fortes",
a-t-il ajouté à propos du retard de livraisons annoncé par
Pfizer , et du risque de voir cette
situation se reproduire avec d'autres vaccins dans les prochains
mois.
Arnaud Fontanet s'est en revanche dit favorable à ce qu'un
maximum de personnes soient vaccinées une fois que les doses
seront disponibles en nombre suffisant, peut-être dès l'été
prochain, afin d'arrêter le plus efficacement possible la
circulation du virus et éviter de nouveaux variants
potentiellement plus contagieux ou dangereux.
"A partir du moment où on sait que le vaccin marche et qu'il
n'y a pas d'effets indésirables, pour moi il faudrait que 100%
des personnes soient vaccinées. Pourquoi s'en priver?", a
insisté le membre du Conseil scientifique qui aide le
gouvernement à élaborer sa stratégie.
Très peu d'effets secondaires indésirables ont été rapportés
jusqu'à présent, a-t-il précisé, parlant de quatre cas graves
sur plus de deux millions de vaccinations aux Etats-Unis.
Selon le sondage Ifop, les Français sont aujourd'hui 54% à
souhaiter se faire vacciner, une hausse de 15 points par rapport
à un précédent sondage le 29 décembre.
(Tangi Salaün)