Début mars, l'épidémie est là et dans les onze sites logistiques de Geodis en Ile-de-France qui emploie 500 salariés (et quelque 250 intérimaires dans l'année), comme ailleurs, tout manque en matière de protection : ni gel, ni gants, ni masques. « Les premiers jours du confinement de la population, la situation était irréelle chez nous : des cas d'infection sont repérés sur le site de Lises dans l'Essonne, certains sont des intérimaires dont on perd rapidement la trace, les salariés retournent travailler malades de peur, pour eux, pour leur famille », raconte Jorge Goncalves, secrétaire du CSE et délégué syndical. Au départ du dépôt de Lisses, les transporteurs livrent pour le compte de Leroy-Merlin notamment, et quelques autres fournisseurs de produits jugés « non essentiels » dans la période. « Nous avons immédiatement écrit à la direction pour lui faire part de nos inquiétudes », poursuit Jorge. Le 17 mars, un CSE extraordinaire prévoit de faire le point sur les consignes de prévention et une consultation, dans le cadre du recours au chômage partiel, pour les sites qui ne sont plus approvisionnés, compte-tenu de la fermeture des frontières et de la mise à l'arrêt de certains clients. Le manque de matériel de protection est évoqué mais rapidement évacué : la direction explique, en effet, que la commande de masques a été passée mais que l'entreprise n'ayant pas encore été livrée, il faut, en attendant, appliquer les gestes barrières… Insuffisant pour la CFDT qui réclame, depuis le début de la crise sanitaire, la fermeture des sites qui ne sont pas dans la chaîne alimentaire, médicamenteuse et de produits de première nécessité, ce que la direction refuse. « Lorsque quatre salariés ont déclaré de la fièvre, le site de Lisses a quand même été fermé cinq jours pour désinfection. Puis le business a repris ».

Ailleurs, les mesures mises en place ne sont pas non plus toutes à la hauteur : à Saint-Ouen l'Aumône, un site dont l'activité est indispensable car dédié aux livraisons des pharmacies, Jorge constate : « Les mesures barrières existaient à l'entrée, au vestiaire et au réfectoire, mais rien n'était prévu à l'intérieur des bâtiments. Or, un travailleur passe quelques minutes à l'entrée et au vestiaire, une demi-heure en pause déjeuner et tout le reste de sa journée dans l'entrepôt ! ».

Et pendant ce temps…

Pendant ce temps, la direction multiplie des notes, détaillant les mesures qu'elle préconise pour freiner la propagation du virus et protéger les salariés. « Seulement, il y avait un sacré décalage entre ce que l'on nous certifiait avoir été fait par écrit et la réalité sur le terrain. » Le 26 mars, un nouveau cas se déclare, cette fois sur le site de Villabé (électroménager et électronique). L'inquiétude continue de grandir. « A l'approche du pic de l'épidémie annoncé en Ile-de-France le dernier week-end du mois de mars, nous demandons que seuls les salariés qui travaillent sur des sites dédiés à l'approvisionnement alimentaire, aux produits de première nécessité et à la livraison des pharmacies fassent partie du plan de continuité de l'activité et le recours au chômage partiel et au télétravail pour les autres, et ce, pendant la première semaine d'avril ». Nouveau refus de la part du directeur de Geodis Ile-de-France. Le bras de fer s'engage. Première organisation syndicale dans l'entreprise avec 72% de voix aux élections du CSE, la CFDT met les bouchées doubles et annonce une tournée de sites pour faire un état des lieux précis. La « Commission Covid-19 » de Geodis est conviée et la tournée commence.

Un bilan affligeant

Sans surprise, la visite de Villabé révèle de graves manquements. Une vingtaine d'actions à faire sont désormais consignées dans un compte rendu validé par la Commission Covid-19 ! Il y est acté, notamment, la nécessité de fournir le même équipement individuel aux sous-traitants qu'aux collaborateurs, d'établir un planning des pauses, de matérialiser des sens de circulation avec, entre autres, des marquages au sol, de mettre des affiches expliquant comment on peut contaminer/être contaminé… Il faut baliser la cour, la zone fumeur, les toilettes, les bureaux, les salles de pause, les parkings pour limiter les entrées de plusieurs personnes en même temps… et, bien entendu, le compte rendu réitère la demande de trois masques par jour par salarié… « Il est évident que tout n'avait pas été fait pour garantir la non propagation du virus ! », s'insurge Jorge.

Du 9 au 23 avril, tous les sites ont ainsi été inspectés. Entretemps, à Villabé, un nouveau cas est remonté... Cette fois, la section a décidé de frapper plus haut : avec le soutien de la Fédération CFDT Transports et Environnement, de l'Union fédérale route et du Syndicat des transports centre francilien, une rencontre (via Zoom) a été organisée avec le DRH du groupe. But de la manœuvre : lui fournir toutes les informations utiles pour qu'il intervienne auprès de la direction Ile-de-France, celle-ci continuant d'affirmer que tout est fait dans les règles. « Le dialogue social, déjà tendu avant, s'est extrêmement dégradé pendant la crise mais on tient bon, les inspections de site nous ont donné raison et les salariés ont vu que la CFDT était sur le terrain tandis que les responsables étaient confinés chez eux. Notre satisfaction, et non des moindres, est de leur avoir prouvé qu'on est à leur écoute et que l'on remontera au créneau, chaque jour si nécessaire ! ».

Depuis cet entretien, la situation a évolué et la direction Ile-de-France a enfin décidé, sous la pression des élus CFDT, d'accélérer sur tous ses sites la mise en place des protections nécessaires à la sécurité sanitaire des salariés. Les militants seront évidemment particulièrement attentifs aux conditions de reprise du travail pour l'ensemble des personnels afin d'éviter tout risque de relâchement des consignes de protection.

cnillus@cfdt.fr

La Sté CFDT - Confédération Française Démocratique du Travail a publié ce contenu, le 11 mai 2020, et est seule responsable des informations qui y sont renfermées.
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