Londres (awp/afp) - L'inflation a encore accéléré en mars au Royaume-Uni, à 7% sur un an, faisant naître des craintes sur les hausses des prix alimentaires, propulsés par la guerre en Ukraine, qui toucheront particulièrement les plus modestes.

Les prix ont notamment été tirés en mars par la hausse des prix de l'alimentation, selon l'ONS, alors que le conflit en Ukraine fait flamber les cours agricoles à des niveaux jamais vus, mais aussi par l'essence, l'ameublement ou encore l'hôtellerie-restauration.

Les prix avaient déjà augmenté de 6,2% en février, et restent à des niveaux records en 30 ans, a précisé mercredi l'Office national des statistiques (ONS) dans un communiqué.

"La perturbation des marchés mondiaux signifie que les prix (de l'alimentation) devraient continuer à grimper dans les mois à venir, ce qui est particulièrement préoccupant pour les ménages à faible revenu", s'est alarmée mercredi la fédération britannique des industries alimentaires (FDF).

"Les fabricants de produits alimentaires et de boissons font tout ce qu'ils peuvent pour absorber les hausses des coûts des matières premières et de l'énergie. Mais les entreprises doivent aussi rester viable, et le niveau actuel de l'inflation signifie que certaines hausses doivent être répercutées", a poursuivi la FDF.

Alors que la Russie et l'Ukraine sont respectivement premier et cinquième exportateurs mondiaux de blé, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture a annoncé vendredi dernier que les prix mondiaux des denrées alimentaires ont atteint des niveaux jamais enregistrés.

Au Royaume-Uni, la hausse des prix se fait sentir dès la sortie des usines, a indiqué mercredi sur Twitter Grant Fitzner, chef économiste de l'ONS, relevant que dans le secteur de l'alimentation les prix sont "au plus haut depuis plus d'une décennie", et atteignent des records dans les secteurs des métaux et des transports.

"Pas de solution miracle"

"Presque tout est beaucoup plus cher qu'il y a un an", résume Danni Hewson, analyste chez AJ Bell. "Mais ce qui inquiète le plus, c'est que ce n'est qu'un avant-goût de ce qui arrive": l'inflation d'avril "reflétera le choc que la plupart des ménages ont ressenti en voyant leur dernière facture énergétique".

Une hausse massive de 54% du plafond encadrant les prix de l'énergie facturés aux particuliers est en effet entrée en vigueur début avril.

"Il n'y a pas de solution miracle" et "tout le monde va se sentir plus pauvre car les salaires, les pensions et les allocations ne suivent pas" la hausse des prix, mais les plus modestes "seront les plus durement touchés", poursuit M. Hewson.

Selon les dernières prévisions de l'organisme public de prévisions économiques OBR, publiées fin mars, l'inflation pourrait atteindre un plus haut en 40 ans au dernier trimestre 2022 à 8,7%, ce qui pénalisera, aux côtés des soubresauts de la guerre en Ukraine, la croissance du pays.

La Banque d'Angleterre a déjà relevé par trois fois ses taux d'intérêt en quelques mois pour tenter de calmer le jeu et une nouvelle réunion est prévue en mai, pour décider d'une éventuelle hausse supplémentaire.

L'inflation de mars, qui accélère plus vite que les prévisions des économistes, "ajoutera davantage de pression sur la Banque d'Angleterre pour augmenter rapidement les taux", selon Ruth Gregory, analyste de Capital Economics.

Et l'inflation alimentaire pourrait encore s'aggraver, selon elle, dans la foulée de "la flambée des prix agricoles entraînée par la guerre en Ukraine".

Le ministre des Finances Rishi Sunak avait annoncé fin mars, dans une présentation budgétaire, une baisse de la taxe sur le carburant et un relèvement de la tranche pour être exonéré d'impôt sur le revenu, après 9 milliards de livres d'aides au pouvoir d'achat des ménages les plus modestes annoncées en février.

Mais ces annonces avaient largement déçu, jugées bien trop faibles pour compenser les hausses des prix, en particulier pour les ménages les plus modestes.

afp/jh