Tout d'abord, qu'est-ce que le "staking" ?

Si vous vous intéressez aux cryptomonnaies depuis au moins six mois, vous avez probablement entendu parler des récentes mises à jour d'Ethereum qui ont permis aux investisseurs de retirer leur éthers (ETH) mis en jeu, ou stakés, après de nombreuses années d'enfermement. 

Concrètement, le staking est un moyen de bloquer vos actifs sur une blockchain à preuve d'enjeu (PoS -  Proof of Stake)  pour contribuer à sécuriser le réseau et à obtenir des récompenses sous forme d'un rendement annuel. L'exemple le plus courant de blockchain à preuve d'enjeu est Ethereum. Sur Ethereum, vous pouvez miser de l'éther (ETH) par l'intermédiaire de diverses plateformes ou directement sur la blockchain (nous y reviendrons un peu plus tard). Cette mise en jeu, ou staking, vous permet d'obtenir un rendement annuel distribué en ETH afin de vous récompenser de bloquer vos actifs pour sécuriser le réseau et valider les transactions.

La plupart des plateformes, comme Coinbase et Binance par exemple, proposent des services de mise en jeu qui vous permettent d'acheter des cryptomonnaies et de staker directement dans l'application ou le site web de la plateforme. Concrètement, vous verrouillez vos actifs pendant une certaine période (30,60,90… jours) en échange d’un rendement annuel allant de 1% à plus de 20% en fonction des actifs. Les plateformes DeFi (Finance Décentralisée), comme par exemple  Aave,  permettent aussi de miser sur des pools et d'obtenir des récompenses.

D'accord, mais qu'est-ce que le "staking on-chain" ?

Si vous stakez sur une plateforme, un service ou une application décentralisée, vous ne stakez techniquement pas sur la blockchain elle-même. Vous confiez plutôt vos cryptos à un autre service (contrat intelligent, entreprise, individu) et le place dans leur pool de liquidité dans ce que l'on appelle la "délégation".

La mise en jeu sur la chaîne, ou staking on-chain, nécessite certaines connaissances techniques, car il faut faire fonctionner un nœud sur la blockchain via son propre matériel informatique. Vous avez généralement besoin d'une quantité minimale de l'actif pour héberger votre propre nœud, et ce n'est pas une petite quantité. Typiquement pour devenir validateur individuel sur Ethereum, un nœud nécessite de satker 32 ETH, soit l'équivalent de 55 520 dollars au cours actuel. Vous n'avez donc pas seulement besoin de connaissances techniques, mais aussi d'une somme d'argent importante. 

C'est pourquoi de nombreuses personnes/entreprises créent des pools où des investisseurs peuvent mettre leurs actifs en commun afin d'atteindre ce montant minimum de 32 ETH. C’est une sorte de mutualisation des ressources permettant une redistribution au prorata des récompenses en fonction du nombre d’actifs apportés dans la pool. 

Quid du "liquid staking" ?

Pour les aficionados de la cryptosphère, le "staking" traditionnel a une lacune majeure : une fois que les actifs sont stakés, ils sont généralement bloqués pendant une certaine période et ne peuvent pas être utilisés jusqu'à ce qu'ils soient "dé-stakés". Cela peut prendre un certain temps, en fonction du protocole utilisé, ce qui limite ainsi la liquidité des actifs stakés.

C'est là qu'intervient le "liquid staking". Ce mécanisme permet aux utilisateurs de staker leurs cryptomonnaies et, en retour, ils reçoivent des jetons représentatifs de leur participation en staking. Ces jetons peuvent être échangés, vendus ou utilisés dans d'autres applications DeFi, ce qui signifie que les utilisateurs n'ont pas à sacrifier la liquidité de leurs actifs pour participer au staking.

Dans un sens, le liquid staking vise à offrir le meilleur des deux mondes : la possibilité de participer au staking et de gagner des récompenses, tout en conservant une certaine liquidité de l'actif staké. En revanche, les protocoles proposant ces services appliquent des frais sur les actifs stakés.

Prenons un exemple de protocole de liquid staking. Lido est une plateforme qui permet aux utilisateurs de staker leurs ethers (ETH) tout en conservant une certaine liquidité. Lorsqu'un utilisateur stake des ETH avec Lido, il reçoit en retour des stETH, qui sont des jetons représentatifs de son ETH staké. Lido perçoit en échange 10% des récompenses de staking des ETH.

Ces jetons stETH sont émis sur une base 1:1 avec l'ETH staké. Par exemple, si vous stakez 10 ETH, vous recevrez 10 stETH. Ces jetons stETH sont plus liquides car ils peuvent être échangés, vendus ou utilisés dans d'autres protocoles DeFi, tout comme vous le feriez avec de l'ETH ordinaire non stakés. 

Ainsi, même si votre ETH original est bloqué dans le protocole de staking, vous pouvez toujours utiliser vos stETH pour participer à d'autres opportunités d'investissement ou de trading. C'est le concept fondamental du liquid staking : permettre la participation au staking tout en conservant la liquidité des actifs stakés.

Cependant, lorsque vous participez au liquid staking, comme dans l'exemple de Lido, et que l'ether (ETH) perd de la valeur, vos jetons représentatifs, stETH dans ce cas, perdront également de la valeur car ils sont directement liés à la valeur de l'ETH. C'est d'ailleurs ce qui peut engendrer des cascades de liquidation dans des protocoles DeFi lorsque ces stETH servent de collatéral pour obtenir des récompenses, et que, dans un même temps, l'ETH perd de la valeur.

Il est important de noter que le liquid staking ne protège pas contre la volatilité du marché. Il offre la liquidité des actifs stakés et la possibilité de participer à d'autres opportunités de DeFi, mais il ne peut naturellement pas protéger contre les fluctuations du marché. Si la valeur de l'ETH baisse, la valeur de vos stETH baissera proportionnellement.

Au final, vous voudrez peut-être participer au liquid staking si vous aimez courir après les rendements, c'est-à-dire passer d'un fournisseur de staking à l'autre pour essayer d'obtenir les intérêts les plus élevés, ou si vous voulez être en mesure d'acheter un NFT représentant un lapin bionique qui devient soudainement disponible, sans avoir à vous asseoir sur vos actifs stakés.