Fribourg (awp/ats) - Damien Piller et l'administration de la coopérative Migros Neuchâtel-Fribourg veulent "se battre jusqu'au bout pour établir la vérité" dans le conflit qui les oppose au géant orange. Ils réagissent à la tenue d'un vote des coopérateurs en vue d'une révocation.

Dans un communiqué de leur avocat publié mercredi, l'homme d'affaires et avocat fribourgeois ainsi que les membres de l'administration de la coopérative basée à Marin parlent de fuite en avant. "Face à cet acharnement", ils disent rester confiants et continuent de se battre pour établir la vérité.

En conséquence, l'administration de la coopérative Migros Neuchâtel-Fribourg (MNF), que Damien Piller préside depuis 23 ans, "continuera d'assumer ses tâches dans le respect des statuts et des dispositions légales et réglementaires", précise le communiqué. Au-delà, celui-ci mentionne la faiblesse du dossier d'accusation.

L'avocat de l'administration de MNF estime par ailleurs que la Fédération des coopératives Migros (FCM), à Zurich, "a visiblement perdu l'espoir d'une condamnation pénale. Cette stratégie machiavélique n'est pas digne de l'entreprise créée par Gottlieb Duttweiler".

Apparu sur la place publique début juillet, le conflit opposant Migros, précisément MNF, selon la FCM, à Damien Piller a connu un nouvel épisode en début de semaine. Une demande de votations générales a été déposée avec pour objet la révocation des membres de l'administration de la coopérative régionale.

L'organisation d'un vote auprès des 124'000 coopérateurs de MNF a été arrêtée à mi-septembre, en se fondant sur le fait que la compétence leur revient, lors d'une séance extraordinaire du comité coopératif. La décision, que l'administration autour de Damien Piller estime sans valeur, a été arrêtée par 24 voix contre 3.

Solution de déblocage

La voie choisie désormais par le comité coopératif pourrait débloquer une situation où les fronts sont plus que jamais figés. La société coopérative régionale note qu'il s'agit d'un "conflit opposant la coopérative et son administration, placée sous la présidence de Damien Piller", selon une communication parue lundi dans Migros Magazine.

"En raison des incidents des derniers mois, la relation de confiance envers l'administration régionale fait aujourd'hui défaut", a-t-on encore pu lire dans l'hebdomadaire. "La coopérative Migros Neuchâtel-Fribourg n'a donc d'autre choix que d'agir dans le cadre des possibilités statutaires".

La communication a aussi rappelé le vote du comité coopératif de début septembre qui avait décidé lors d'une séance ordinaire, par 33 voix contre 1, et 1 abstention, de retirer sa confiance aux membres de l'administration. Auparavant, lors d'une séance extraordinaire, toutes les parties avaient eu l'occasion d'exprimer leurs points de vue.

Cabale contre l'administration

Dans la foulée de la votation consultative, une des membres de l'administration avait annoncé son choix de quitter son poste avec effet immédiat. En l'état, la date et les modalités des votations générales ne sont pas encore fixées.

Le conflit entre la coopérative MNF et son administration a connu plusieurs épisodes durant l'été, avec le dépôt de plaintes pénales, de part et d'autre, y compris de MNF. Le 27 août, devant la presse à Fribourg, Damien Piller avait déjà dit ne rien vouloir lâcher dans une affaire décrite par l'administration comme une "cabale" de la FCM à son encontre.

A cette occasion, un audit, commandé par l'administration de la coopérative Migros Neuchâtel-Fribourg, a présenté de premières conclusions qui blanchissent l'organe de surveillance de la coopérative des accusations de gestion déloyale formulées par le géant orange.

La FCM reproche à Damien Piller une possible gestion déloyale. Elle a transmis des documents à la justice fribourgeoise, tout en lui reconnaissant la présomption d'innocence. La coopérative emploie environ 2800 personnes dans les deux cantons et réalise un chiffre d'affaires annuel de 800 millions de francs suisses.

ats/al