Le truc, c'est qu'on a quelques billes pour justifier ce qui s'est passé entre janvier et juin. Une bonne vieille guerre à nos portes, des pleins d'essence à 100 euros, la disparition de l'argent gratuit pour nourrir les licornes et les monnaies rigolotes, j'en passe et des meilleures. Mais je dois bien avouer que je suis un peu sec sur les ingrédients de l'éclaircie. Disons que le prix des actifs est moins fantasmagorique que l'année dernière, que tout le monde a encore du travail et que si quelque chose part en cacahuète, ces turlupins de banquiers centraux pourraient bien troquer à nouveaux leurs déguisements de père fouettard pour un costume de pompier. Je suis moyennement convaincu par ce que je viens d'écrire.

Pour autant, les marchés actions sont restés hier en mode haussier, faute d'avoir eu une meilleure idée. Ce fut le cas en Europe, où les gains étaient compris entre 0,11% pour le Footsie à Londres et 0,57% pour le Bel20 à Bruxelles. Les deux indices ont profité de la même tendance haussière de fond, mais le Belge compte peu de valeurs pétrolières et minières, les deux secteurs qui ont souffert hier, alors que le Britannique si. Même configuration aux Etats-Unis, où le Nasdaq a gagné 0,75% à la clôture pendant que le S&P500 limitait des gains à 0,40% à cause des dégagements sur les valeurs pétrolières après le reflux, vous l'avez deviné, du pétrole.

Cette hausse est intervenue après une série de statistiques économiques que je qualifierai de médiocres, voire de toutes pourries. Ça avait commencé dans la nuit de dimanche à lundi en Chine avec les chiffres de la consommation et de la production du mois de juillet, moins élevés que prévu. Ça a continué dans l'après-midi aux Etats-Unis avec un indice d'activité Empire State qui a l'air d'être tombé dans une crevasse et une jauge du secteur immobilier qui a raté une marche. Cette cargaison de mauvaises nouvelles n'a donc pas empêché les indices boursiers de monter de façon plutôt contre-intuitive, un peu selon le principe de la balançoire à bascule des aires de jeux d'enfants.

Ce qui m'a fait dire plus haut que le marché espère que la Fed et les autres banques centrales, échaudées par une dégradation rapide des conditions économiques, vont calmer leurs ardeurs sur les hausses de taux. Le rêve du boursicoteur : les efforts déployés jusque-là par les banques centrales font rentrer l'inflation dans le droit chemin, le cycle de hausse des taux est couronné de succès et prend fin, l'argent coule à nouveau à flots, on repart vers l'infini et au-delà. Les rendements obligataires américains sont compatibles avec le début de ce scénario à l'eau de rose, puisque les obligations à 10 ans ont perdu 70 points en deux mois pour s'établir autour de 2,78% ce matin. Mais les échéances plus courtes montrent qu'il y aura une contraction économique plus marquée à un moment ou à un autre. Honnêtement, je vois mal quel autre pari le marché peut faire dans les circonstances actuelles que celui de miser sur la politique monétaire.

Dans l'actualité matinale, il faut noter le rebond des valeurs immobilières chinoises sur fond de rumeur de plan de soutien public. Les plus taquins d'entre vous auront une fois encore noté le paradoxe des financiers, si attachés au libéralisme et à la déréglementation, mais si prompts à la supplique de l'Etat ou de la banque centrale pour réparer leurs bêtises (quand j'écris "supplique", je ne résiste jamais au plaisir de partager celle-ci). Il y aura aussi de nouveaux indicateurs d'activité à suivre : d'abord le moral des financiers allemands via l'indice ZEW à 11h00, qui ne s'annonce pas joli-joli, puis aux Etats-Unis les statistiques sur les permis de construire et sur la production industrielle. Il faut aussi noter que le pétrole poursuit sa décrue, à cause des craintes sur la dynamique mondiale et de quelques signaux de détente avec l'Iran, dont l'hypothétique retour de la production sur le marché mondial constitue l'une des principales inconnues pour ce marché.

Côté sociétés, le géant minier BHP a publié des résultats plus solides que prévu. Les investisseurs activistes s'agitent, avec la pression de Third Point sur Walt Disney et la sortie d'Elliott du capital de Softbank. Dans la catégorie fusions & acquisitions, l'entreprise de cybersécurité britannique Darktrace a confirmé que le fonds Thoma Bravo lui fait les yeux doux.

Les indicateurs avancés européens laissent présager une ouverture en légère progression. En Asie Pacifique, le Japon est en légère baisse en fin de parcours, pendant que la Corée, l'Inde et l'Australie progressent. En Chine, Hong Kong a décroché en fin de parcours, emporté par les valeurs technologiques. L'indice MSCI China perd 0,4%. Le CAC40 a démarré la séance autour de 6583 points, en hausse de 0,2%.

Les temps forts économiques du jour

Le sondage ZEW du moral des financiers allemands en août est attendu à 11h00. Il seront suivis aux Etats-Unis des chiffres des permis de construire (14h30) et de la production industrielle (15h15) pour le mois de juillet. Tout l'agenda macro ici.

L'euro poursuit son recul à 1,0165 USD. L'once d'or repart en arrière à 1782 USD. Le pétrole aussi, avec un Brent de Mer du Nord à 94,27 USD le baril et un brut léger américain WTI à 88,92 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans baisse à 2,78%. Le bitcoin évolue autour de 21 400 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adecco : Morgan Stanley reste la pondération en ligne avec un objectif de cours réduit de 34,30 à 33,10 EUR.
  • Adesso : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 233 à 205 EUR.
  • Alcon : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 88 à 83,80 EUR.
  • Alfen : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 110 EUR.
  • AXA : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 28 à 32 EUR.
  • BT Group : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 260 à 250 GBp.
  • Compagnie Financière Richemont : SBG passe d'acheter à conserver en visant 125 CHF.
  • Ebusco : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 32 à 26 EUR.
  • Evonik : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 28 à 25 EUR.
  • HelloFresh : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 34 à 35 EUR.
  • Henkel : Berenberg reste à la vente avec un objectif de cours relevé de 50 à 53 EUR.
  • Kistos : Berenberg reprend le suivi à l'achat en visant 730 GBp.
  • KPN : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 3,80 EUR.
  • Lotus Bakeries : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 6000 à 6400 EUR.
  • Pets at Home : Panmure Gordon passe de conserver à acheter en visant 460 GBp.
  • Swiss Re : Julius Bär reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 80 à 79 CHF.
  • Swisscom : DZ Bank reste à la vente avec un objectif réduit de 495 à 450 CHF.
  • The Swatch Group : SBG passe d'acheter à conserver en visant 275 CHF.
  • Zealand Pharma : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 150 à 165 DKK.
  • Zurich Insurance : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif relevé de 500 à 510 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Stellantis va gonfler le prix des derniers Dodge Charger et Challenger survitaminés à moteur à combustion qui cesseront d'être commercialisés fin 2023 en espérant en faire des pièces de collection recherchées.
  • Visiomed étend la durée de souscription à ses obligations émises via la plateforme Equisafe, avec des souscriptions qui atteignent 3,3 M€ d'engagements.
  • Navya signe un partenariat avec le Campus d'Inverness pour déployer un projet pilote de service de transport de passagers par véhicule autonome en Écosse.

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • BHP : L'entreprise minière gagne 5% à Sydney après ses résultats trimestriels.
  • Pandora : Le spécialiste de la bijouterie a dépassé les attentes de chiffre d'affaires au T2, mais légèrement déçu sur ses marges. Les prévisions ont été confirmées.
  • Sonova : Le groupe suisse réduit ses prévisions pour l'exercice 2022/2023.
  • Straumann : La rentabilité du premier semestre, bien qu'en baisse, est supérieure aux attentes. L'objectif est confirmé mais la publication est un peu assombrie par le départ du directeur financier.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Darktrace confirme que Thoma Bravo étudie son rachat potentiel.
  • Bayer continue à alimenter les agriculteurs russes pour, dit l'entreprise, éviter des pénuries.
  • Third Point demande des changements chez Walt Disney, notamment la cession d'ESPN et la prise de contrôle de Hulu.
  • Philips propose Roy Jakobs pour remplacer Frans Van Houten comme CEO.
  • Le propriétaire de Juicy Couture va acheter le britannique Ted Baker pour environ 211 M£, soit 110 GBp par action.
  • Elliott aurait vendu quasiment la totalité de sa participation dans Softbank, selon le Financial Times
  • Les salariés de British Airways (International Consolidated Airlines) obtiennent de substantielles hausses de salaires.
  • Le fonds activiste Elliott aurait bâti une grosse position dans Cardinal Health.
  • Berkshire Hathaway renforce son pari sur Ally Financial.
  • Moody's relève la perspective de la note "Ba3" Rolls-Royce à stable.
  • Snap dépasse le million d'abonnés payants à Snapchat+ et lance de nouvelles fonctionnalités.
  • La FDA examine une demande d'extension d'homologation pour le Polivy de Roche.
  • Qiagen lance un test permettant de différencier la variole du singe de cinq autres agents pathogènes.
  • Principales publications du jour : Walmart, The Home Depot, BHP, Sea Limited, Agilent, Straumann, Delivery Hero, Demant, PandoraTout l'agenda ici.

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