par Inal Ersan et Raissa Kasolowsky

Cette réunion constituera la première rencontre officielle entre le conglomérat qui a piloté l'expansion effrénée de Dubaï et ses principaux créanciers depuis la révélation il y a tout juste une semaine de ses problèmes financiers.

Un banquier au fait de la situation a rapporté qu'un comité de créanciers s'était constitué, composé des banques britanniques Standard Chartered, HSBC, Lloyds, Royal Bank of Scotland et de deux banques des Emirats arabes unis (EAU), Emirates NBD et Abu Dhabi Commercial Bank.

Les banques n'ont pas confirmé pour l'instant leur participation à ce comité qui regroupe vraisemblablement les sociétés ayant la forte plus exposition à Dubai World, indique un spécialiste du secteur bancaire.

Dubai World a demandé la semaine dernière aux créanciers de deux de ses principales filiales, Nakheel et Limitless, un moratoire de six mois sur leur dette dans le cadre d'un plan de restructuration.

Le dossier le plus urgent à gérer concerne 3,52 milliards de dollars d'obligations de Nakheel qui arrivent à échéance le 14 décembre.

L'émirat a fait savoir lundi qu'il n'assumerait pas les dettes du conglomérat public, dont l'endettement total atteindrait 60 milliards de dollars en incluant des filiales qui ne seront pas concernées par la restructuration.

LES MARCHÉS FERMÉS MERCREDI AUX EMIRATS

Le Fonds monétaire international (FMI) a estimé mardi que les banques britanniques étaient les plus exposées à la dette de Dubai World dont le slogan proclame que "le soleil ne se couche jamais sur Dubai World".

Les marchés émiratis, qui ont subi de fortes turbulences lors des deux dernières séances, étaient fermés mercredi pour la fête nationale des EAU. La bourse du Qatar a déjoué les pronostics des économistes en finissant en hausse de 5,32% après avoir plongé de plus de 8% la veille.

Les difficultés de Dubaï ont mis en lumière les faiblesses de la dette "quasi-souveraine".

Les banques étrangères ont prêté de l'argent aux entreprises publiques de l'émirat en présumant qu'elles avaient le soutien des EAU, troisième plus grand exportateur mondial de pétrole.

"Ce qui a irrité les investisseurs internationaux, c'est le fait que le gouvernement a pris ses distances avec Dubai World, ce qui est vrai d'un point de vue juridique mais moralement, ils s'étaient donnés du mal pour établir ce lien", explique un investisseur.

Moody's a prévenu mardi que de multiples défauts liés à la dette de Dubai World pourraient conduire à une dégradation des notes des banques des EAU, tandis que les banques étrangères exposées au conglomérat devraient être épargnées.

L'agence de notation estime à 100 milliards de dollars la dette du gouvernement de Dubaï et des entités qui lui sont liées, alors que l'estimation du marché avoisine 80 milliards.

Les autorités de l'émirat ont fait front aux critiques.

"L'économie des EAU est solide, basée sur de véritables fondations et capable de faire face à des crises et à des défis quelle que soit leur difficulté", a déclaré le ministre de l'Economie Sultan ben Said al Mansouri dans une intervention préparée pour la fête nationale.

Version française Alexandre Boksenbaum-Granier et Gwénaëlle Barzic, édité par Marc Angrand