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Données de l'enquête Reuters

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Données sur la Banque d'Angleterre

LONDRES, 8 décembre (Reuters) - La Banque d'Angleterre (BoE) relèvera son taux directeur de 50 points de base supplémentaires la semaine prochaine pour le porter à 3,50%, malgré le risque de récession économique au Royaume-Uni, l'inflation étant plus de cinq fois supérieure à l'objectif de la banque centrale, montre une enquête Reuters.

L'inflation, alimentée notamment par la flambée des coûts de l'énergie et les tensions dans les chaînes d'approvisionnement à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie et de l'impact de l'épidémie de COVID-19, a atteint au Royaume-Uni 11,1% en octobre sur un an, le niveau le plus élevé en 41 ans, alors que la BoE souhaite la ramener à terme autour de 2%.

Dans une entretien publié samedi dernier, Swati Dhingra, membre du comité de politique monétaire de la Banque d'Angleterre, a reconnu que des taux d'intérêt plus élevés pourraient entraîner une récession plus profonde et plus longue. Elle a toutefois noté que peu de signes montraient que les demandes de revalorisation salariale risquaient de provoquer une spirale salaires-prix.

La BoE, qui fut l'une des premières grandes banques centrales à commencer à infléchir sa politique ultra accommodante pendant la pandémie de COVID-19, a relevé le mois dernier ses taux de 75 points de base et devrait procéder à une nouvelle hausse de 50 points le 15 décembre, selon 52 des 54 économistes interrogés par Reuters du 5 au 7 décembre.

"Presque un an jour pour jour après que la BoE a entamé ce cycle de resserrement, elle semble prête à offrir une autre hausse pour Noël", a déclaré Elizabeth Martins de HSBC.

"Nous pensons qu'il s'agira d'une hausse de 50 points de base, portant le taux d'escompte à 3,50%, avec des risques pondérés vers un mouvement plus important de 75 points de base, plutôt qu'un mouvement plus faible de 25 points de base", a-t-elle ajouté.

Seuls deux économistes s'attendent à une hausse de 75 points de base des taux de la BoE la semaine prochaine, contre 13 sur 56 dans l'enquête du 23 novembre.

La Réserve fédérale américaine devrait également opter pour une augmentation du coût du crédit de 50 points de base ce mois-ci après quatre hausses consécutives de 75 points de base, selon une enquête Reuters distincte.

Après la hausse prévue de la semaine prochaine, la BoE devrait relever encore ses taux d'un demi-point au premier trimestre et d'un quart de point au second, tandis que la médiane des taux pourrait culminer à 4,25%, indique également l'enquête. Les prévisions pour le pic des taux varient de 3,50% à 4,75%.

RISQUE DE RÉCESSION

Concernant la conjoncture économique, la Grande-Bretagne se dirige de manière presque certaine vers une récession d'ici un an, la probabilité médiane des économistes étant de 85%.

Les estimations officielles montrent que l'économie britannique s'est contractée de 0,2% au troisième trimestre et qu'elle enregistrera une nouveau recul de 0,4% sur le trimestre en cours, ce qui correspond à la définition technique d'une récession. Des contractions respectivement de 0,4%, 0,4% et 0,2% sont également attendues sur les trois premiers trimestres de 2023.

Une majorité des économistes sondés a estimé que la récession serait longue mais peu profonde.

Ces prévisions ont peu évolué par rapport à l'enquête du mois dernier, mais 12 des 18 économistes sondés jugent que les risques pesant sur leurs prévisions de PIB sont à la baisse. Sur l'ensemble de l'année, l'économie britannique devrait croître de 4,4%, puis se contracter de 0,9% l'an prochain avant de se redresser de 0,9% en 2024.

"2023 sera une année difficile pour l'économie, car les effets des précédentes hausses de l'inflation et des précédentes hausses des taux d'intérêt se font sentir", a déclaré Paul Dales de Capital Economics.

"La bonne nouvelle est que nous pensons que la récession prendra fin au second semestre 2023 et une baisse progressive de l'inflation permettra probablement à la Banque d'Angleterre d'injecter plus de vigueur dans la reprise en réduisant les taux d'intérêt en 2024", a-t-il ajouté. (Reportage Jonathan Cable; version française Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)

par Jonathan Cable